L'histoire :
Nous sommes en 1947. Les alliés ont gagné la seconde guerre mondiale et le nazisme a été éradiqué. Mais les ambitions des vainqueurs sur le contrôle de l'Allemagne sème les graines de la guerre froide à venir. En ruine, la capitale Berlin est découpée en 4 secteurs, contrôlée à 20% chacun par les français, les américains, les français et pour 40% par les Soviétiques. C'est depuis ce secteur que se perd la trace d'Assunta, la compagne d'origine espagnole du belge Thomas Deschamps. Depuis l'Hôtel des Roches situé dans les Ardennes, ce dernier pilote les recherches. Il envoie son amie Lucie, qui s'est engagée dans l'armée américaine, prendre des contacts et mener les recherches, notamment auprès d'un officier travaillant pour les Nations Unies. Elle apprend qu'Assunta est désormais internée dans un camp situé en Union Soviétique, au Kazakhstan. Vue les tenions internationales, toute issue diplomatique semble impossible. C'est pourquoi Thomas, en bon pragmatique qu'il est, vise une autre méthode : la corruption. Il redouble donc d'efforts sur le marché noir entre Liège et la province, car il cherche prosaïquement à amasser un gros paquet de dollars à même de soudoyer le directeur du camp. Le curé local Joseph, frère de Lucie et ami de Thomas, n'approuve guère...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans un premier diptyque, Les temps nouveaux, le duo Eric Warnauts et Guy Raives mettait en scène la vie de la famille Deschamps, des hôteliers installés dans les Ardennes belges, durant la seconde guerre mondiale. Un frère était plutôt résistant, l'autre plutôt collabo... et évidemment, cela se terminait mal pour le vaincu. Les auteurs ont certainement du s'attacher aux personnages et à cette époque, car ils poursuivent désormais leur saga aux temps de reconstruction civile, politique et psychologique qui suivent. Thomas Deschamps, le frère survivant, s'impose donc comme la pierre angulaire de l'oeuvre. Son ambition est désormais de sauver sa compagne espagnole Assunta, qui a été déportée dans un camp d'extermination soviétique. Cette problématique est le fil rouge du nouveau diptyque en devenir. A travers les désidératas et les blessures de l'âme des uns et des autres, on s'attache certes aux personnages, à leurs caractères affirmés, à leurs destins tourmentés. Mais au-delà de leurs rapports, les auteurs cherchent avant tout à saisir et à transcrire le climat social et géopolitique de cette période. Saisir un climat peut paraître une ambition abstraite, mais le récit prend véritablement son sens à travers cette ambition. Evidemment, il est impératif d'avoir lu le précédent diptyque pour comprendre les tensions et les enjeux. Il faut aussi accepter de suivre beaucoup de palabres et peu d'actions... c'est là la grande limite de cette série adulte, qui ravira néanmoins les amateurs d'Histoire pour son potentiel immersif. Mais surtout, la plus-value de l'oeuvre vient du joli dessin en couleurs directes, d'un romantisme exquis...