L'histoire :
Le groupe d'intervention paramilitaire Blackline a été sollicité par l'entreprise Syngex, afin de récupérer et détruire des informations sensibles de leur usine chimique située dans un coin de jungle reculé de la Thaïlande. En effet, un puissant typhon se rapproche et les groupes de rebelles pullulent, à l'affut de profiter du chaos pour s'emparer de secrets industriels. A la tête du groupe commando composant cette armée privée, le franco-vietnamien Bao Jay Greaves est rompu aux interventions à hauts risques. Il l'est un peu moins à être manipulé... Car rapidement, il s'aperçoit que la mission qu'il mène, elle même officiellement autorisée sous couvert d'une mission humanitaire, dépasse le cadre de la préservation d'un secret industriel. Des armes en grande quantité sont en effet retrouvées à l'intérieur des caisses qu'ils transportent. Au détriment de combats sanglants avec ce qu'ils croient être des rebelles – et qui sont en fait des yakuzas japonais – l'usine est tout de même prise et contrôlée. Mais des camions entiers ont disparus et les hommes prennent l'initiative imprévue par le brief initial de faire sauter l'usine. Par téléphone interposé, Bao Jay met sa partenaire Delilah sur le coup, la seule en qui il ait confiance...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Introductif, le premier tome avait mis en place une problématique paramilitaire et géopolitique un peu laborieuse et vaseuse, mais réaliste et patente. Par le truchement d'un héros vertueux, une armée privée devait protéger un secret industriel et tout indiquait que cette mission était vérolée par des intérêts militaires supérieurs. Ce second tome confirme et conclut cette hypothèse, plaçant Bao Jay, héros peu attachant, face à sa conscience. S'il est légitime de s'interroger sur sa morale en pareille cas, ce processus paraît beaucoup plus douteux venant d'un homme aussi expérimenté. Deux décennies passées dans l'armée suffisent en général à inculquer la notion de « real politik », c'est à dire la prévalence de l'intérêt supérieur de la nation au détriment des pertes humaines. Cette question centrale est d'ailleurs l'unique intérêt de cette série, qui embrasse par ailleurs de nombreux écueils. À la psychologie de personnages bancale, s'ajoute en effet un manque de rythme flagrant. Non pas que l'action manque, mais on n'est jamais emballé par les enjeux et les évènements. A l'instar de Larry B Max révélant ses états d'âmes à Gloria (le téléphone rose dans IR$), Bao Jay appelle Delilah pour lui faire part de ses incertitudes ; et la belle, sensuellement installée dans des lieux à chaque fois différents, tapote son ordi en lui promettant d'enquêter. Dans tous les cas, les manigances et les relations se noient dans un flux mou et peu passionnant de suspicions et de non-révélations. Le dessinateur transalpin Pasquale Del Vechio n'a d'ailleurs pas l'air d'être convaincu, lui qui change subitement la finesse de ses détails et l'épaisseur de son trait entre la p11 et la p12, comme s'il venait d'apprendre que la série ne connaîtrait pas un avenir très florissant...