L'histoire :
La « Cosa Nostra », appelée également Camora ou mafia, est une organisation criminelle qui prit son essor en Sicile au cours du XXe siècle. Des hommes rustres, mais élégants, aux visages fermés, ont alors commencé à faire régner leur loi à eux, en marge des autorités italiennes. Aujourd’hui, la règle d’or est tellement simple qu’il n’y a jamais besoin de la rappeler : « tu fais ce qu’on te dit de faire ou tu nourris les poissons du port avec les pieds coulés dans le béton ». Le business plan, principalement fondé sur l’extorsion de fond, est lui aussi élémentaire. Il faut juste penser à ne pas buter le créancier AVANT de l’avoir racketté. Si les décisions se « discutent » collégialement, elles sont néanmoins prises par un homme et un seul : le Capo (alias Parrain) à qui il ne faut surtout (surtout !) pas manquer de respect. Don Calimerone, est l’un de ces parrains bedonnant et paternaliste. Ce jour-là, une suée sur la tempe, un de ses « administrés » vient lui faire une demande insolite : qu’on l’aide à se débarrasser de sa mama. Etant donné que la requête sort des règles morales de la mafia, l’homme se retrouvé illico plaqué au sol par deux gorilles, un flingue sur la tempe. Quelques explications plus tard, le Capo comprend le cas de conscience et accepte d’apporter son aide. Un grain de sable se glisse néanmoins dans la procédure : voilà que le béton flotte…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le titre sans ambigüité et le registre humoristique dans lequel évolue l’auteur Clarke depuis toujours, sont deux indices ostentatoires : Cosa Nostra emprunte le registre parodique pour caricaturer et se fiche de la poire de la mafia sicilienne. En effet, sur le sujet, grâce aux nombreux films (le Parrain…) et séries (Les Soprano…), les images d’Epinal sont légion dans notre conscience collective et il était bien tentant de les singer en les rendant encore plus excessives. L’exercice prend la forme d’historiettes, abordant tour à tour les fondamentaux de la thématique : le racket, l’omerta, les juges, la médiatisation, la drogue, la place de la femme, le rapt… Vu le projet, les ressorts comiques sont certes un peu « faciles », mais ils fonctionnent tout de même à plein rendement. La panoplie qui sert de décorum est également une science exacte : lunettes noires, chapeau Borsalino, flingues, mitraillettes, cigares, billets verts, sacs de coke, pizza… Les visages sont graves et inexpressifs ; les femmes ne sont que des objets obéissants, toutes de noir vêtues ; les patronymes sont tous des noms de pâtes ; les hommes se partagent entre racket, réunions au sommet et règlements de comptes. A ce sujet, les exécutions se font toujours selon deux techniques : le coup de flingue qui part tout seul (zut, c’est bête) ou le bloc de béton coulé aux pieds du moindre contradicteur. Evidemment, sur cette trame, la ligne graphique dynamique et spontanée de Clarke fait mouche (avec l’intervention de quelques guest stars : Julien Solé, Maester…). Cerise sur le gâteau : les deux premiers tomes sortent de concert. Et s’il n’y a pas encore de tome 3, c’est peut-être que Clarke a déjà les pieds dans le béton ?