L'histoire :
Northwick vient d'être attaquée par un groupe de saxons, qui sont allés jusqu'à sacrifier des enfants sur un bûcher. La raison en est simple : une légende dit que Merlin va bientôt ressusciter à travers la naissance d'un petit garçon. Toutes les forces en présence sur les vastes terres anglaises craignent de perdre leur influence et leurs conquêtes potentielles, ou au contraire y placent leurs espoirs. Les saxons, qui vivent à l'Est comme les bretons chrétiens ou païens qui viennent du Sud, tous ont intérêt à prendre le contrôle des évènements. Eigyr est enceinte, son ventre rond est désormais très visible, sa meilleure amie lui conseille de fuir vers l'Irlande pour y trouver la sécurité. Mais ce soir-là, à l'auberge où elles travaillent toutes les deux, un groupe de bretons en route vers Avalon tombent en arrêt devant elle. Persuadés qu'elle va donner naissance à leur prophète, ils veulent l'emmener avec eux. Mais c'est sans compter sur les moines de l'Ordre du Christ qui font irruption dans l'établissement. Dans le combat qui s'engage, la jeune femme sera capturée en tentant de s'enfuir. Steren et ses deux amis doivent à tout prix la libérer.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette nouvelle saga d'aventures médiévales mêle la légende de Merlin aux luttes de conquêtes sur les terres anglaises, peu après la fin de l'influence romaine. Une belle galerie de personnages anime d'entrée de jeu cette fuite en avant. D'Eigyr, qui aurait préféré vivre tranquille dans son village, que tous ceux qui veulent la sauver ou l'éliminer. Les dialogues de Jérome Hamon sont tout à fait contemporains, pas de morbleu, ni de preux chevaliers, mais des expressions qui ne dépayseront pas les lecteurs ados ou jeunes adultes. Depuis Kaamelot, le contraste de ce parti-pris ne choque plus personne. Damien Colboc au dessin semble monter en puissance au fil des pages. Son trait fluide joue avec les effets d'épaisseur et les déliés. Il évite presque totalement les ombres et les hachures, dans l'esprit de ce qu'on pourrait appeler « l'école Bastien Vivès ». Une économie de détails mais une vraie précision, et quelques beaux moments d'émotion, en particulier dans la deuxième moitié du récit. Il faut bien se concentrer pour ne pas confondre tous ces barbus plus ou moins hirsutes qui se tapent dessus au début. Mais parmi eux, les deux héroïnes remarquablement campées sortent du lot et nous tiennent en haleine sans manquer d'humour. Un début réussi car, évidemment, on espère une suite !