L'histoire :
Au large de la Grèce, la belle Epoxy navigue paisiblement à bord d’un petit voilier, lorsque son embarcation est violemment heurtée par un gros bateau de plaisance. Le choc la déstabilise. Elle tombe à l’eau pour se voir presque aussitôt prise dans un filet de pêche. Remontée sur le pont du navire, elle est conduite par une femme vêtue de cuir et à la poitrine dénudée, auprès de Koltar, le maitre des lieux. Ce dernier voue son existence à la perception totale du langage des sens et soumet moult jeunes femmes à ses perversions, ne craignant ni les lois des hommes, ni les foudres des Dieux. Pourtant, après s’être contenté du corps d’Epoxy qu’il laisse comblée de plaisir, il subit leur courroux : dans un éclair foudroyant son bateau est détruit. Epoxy survit au naufrage et échoue épuisée sur une plage. Elle reprend à peine ses esprits qu’elle voit mourir une jeune femme dans ses bras : la belle, poursuivie par des guerrières Amazones, n’a pu éviter l’une de leurs flèches. A son tour, Epoxy est prise en chasse. Rapidement rattrapée, elle est conduite dans le palais de la reine Hippolyte. Pour éviter le fouet, Epoxy devient sa favorite jusqu’au jour où le fameux Héraclès, accompagné de Thésée, vient chercher querelle en réclamant à la souveraine la ceinture d’orichalque qu’elle porte aux hanches…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Saluons immédiatement ce qu’il faut saluer. Ensuite, ensemble nous pourrons aller ranger l’objet bien au chaud parmi les rayonnages de notre collection et le ressortir éventuellement lorsque l’envie nous prendra de faire le malin pour jouer, devant un parterre béat, l’historien du 9e art. En forme de salut donc, l’intérêt que l’on doit porter à la première incursion, en 1968, de Jean Van Hamme dans l’univers du scénario BD. Le futur papa de Thorgal, XIII, Winch et consorts, encore ingénieur à l’époque, livre ici son premier combat. Au regard de ses productions futures, nous lui pardonnerons aisément : récit insipide, découpage laborieux, dialogues patauds pour une trame confuse et unique prétexte à promener une jolie brune fort dévêtue. En second lieu, il faut faire un bond de 40 ans pour se souvenir que, qu’elle que soit la forme choisie, sexe et censure ne faisaient pas bon ménage. Aussi Paul Cuvelier relève le défi en réussissant avec Epoxy, une BD pour adultes ne subissant pas les foudres de l’interdiction. Ainsi, il ne faudra pas s’étonner de ne voir aucun sexe ou poil (tantôt habilement masqué, tantôt « oublié »), ni aucun ébat : tout est suggestion. Paul Cuvelier satisfait alors son désir de se démarquer un tant soit peu de son Corentin pour éprouver son trait différemment. Néanmoins, l’ensemble reste graphiquement moyen, le dessin ne réussissant pas à faire passer une once de sensualité pourtant si essentiel dans ce type de production. Pour le reste, la lecture des quelques 70 pages n’offre même pas le plaisir du simple divertissement : simplement lourdaud et confus.