L'histoire :
Ismaël aime passer du temps chez sa sœur, avec son neveu déguisé en Zorro qui l'adore, et les rendez-vous que Maria essaye d'organiser avec des copines improbables. Il souffre pourtant toujours de cauchemars à répétition, ces rêves éveillés qui perturbent sa vision du réel, et transforment des visages innocents en menaces terrifiantes. Il s'est passé quelque chose pendant son séjour dans l'armée, qu'il avait rejointe pour sortir de sa vie de caïd au sein d'un gang latino de Los Angeles. Mais son passé le rattrape dans un jardin public, lorsque Tuco, le leader des A.Caidos, veut qu'il rejoigne à nouveau son équipe. L'enjeu est d'importance pour ceux qui veulent définitivement éliminer la concurrence des trafiquants des Black V.Bones sur le trafic de méthadone. Leur leader a été battu à mort, puis suspendu à un poteau, en pleine rue. Une victoire symbolique pour la bande de Tuco, qui veut éradiquer totalement ses rivaux, et souhaite pour cela récupérer l'un des ses anciens meilleurs éléments. Mais les choses ont changé, et la réponse d'Ismaël est radicale, et très violente. Il va alors devenir la cible de ses anciens camarades, qui vont lui faire payer son refus. Ils commettent l'irréparable, et Ismaël ne pense plus qu'à une chose: la vengeance.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Joaquim Diaz ne nous laisse pas le loisir d'entrer dans son récit avec un quelconque recul, avec cette scène d'introduction violente et inexpliquée, dont les tenants nous seront révélés bien plus tard, avec une logique implacable. Ismaël est le personnage central d'un polar urbain dur et dénué de sentiment, dont le ressort scénaristique est de découvrir petit à petit les raisons d'une vengeance qui se déroule sous nos yeux. Dans un style graphique qui joue avec les capacités du traitement informatique, le dessinateur multiplie les effets de mise en scène, troublant la vision de ses personnages, plongeant le lecteur dans la perception brouillée d'un ancien soldat à la force décuplée. Pour apprécier la force de cet album, iI faudra accepter la violence arbitraire que l'auteur justifie en mettant en scènes des gangs qui veulent prendre le contrôle du trafic de stupéfiants à Los Angeles. Il n'y a presque aucun espace pour les sentiments dans cette suite de scènes d'action crues parfaitement exécutées. Dès que l'on comprend ce qui se joue, on se prend au jeu de voir comment Ismaël va aller jusqu'au bout, et on s'amuse presque de voir les policier désemparés face à cette escalade qui les dépasse. On pourrait voir dans cette folie mortelle une dénonciation par l’extrême de la violence de la société actuelle, mais on constate surtout que la forme prend ici le dessus sur le fond, pour un pur moment d'action. Les amateurs de Geoff Darrow découvriront un de ses disciples, un dessinateur français biberonné aux comics qui voit enfin publiée l'intégralité de son premier grand projet personnel. Un one shot en pleine figure !