L'histoire :
A l’origine, John Relom ne voulait pas devenir dessinateur de BD, mais Rockstar. Rockstar, c’est cool, ça permet de gueuler son exaspération de la société, de s’habiller n’importe comment, de choper des filles, d’être trimballé dans des palaces avec des attachées de presse sexys… Seul inconvénient : il faut savoir écrire autre chose que des ballades douces et super tristes. Du coup, Relom a fait de la BD, drivé par son éditeur bien-aimé, qui le harcèle régulièrement pour qu’il ponde une super histoire bien vendeuse. Sa toute première histoire, c’est pourtant celle d’un lapin qui entre dans une banque pour ouvrir un compte et qui se fait braquer par le type du guichet. Avec ces quelques planches originales, Relom a le privilège de se rendre dans les locaux d’un grand éditeur, le Bombard. Dans une ruelle sordide, sous une pancarte antédiluvienne, Relom découvre des locaux vétustes, dans lesquels travaillent des employés rétrogrades appartenant au 4ème âge. Il pénètre devant son auditoire, le conseil des sages, dont un seul est encore vivant (les deux autres sont empaillés). Au terme d’une discussion absurde, il récolte une avance sur droits (2 euros 50) et se rend donc à la banque pour faire un dépôt…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ça n’est certes pas la première fois qu’une bande dessinée propose de caricaturer les arcanes du monde fabuleux de la bande dessinée. Dans la même veine que Fabcaro et Sergio Salma (Animal lecteur), l’auteur d’Andy et Gina et Cité d’la balle se branche cette fois sur le mode autobiographique fictionnel et sarcastique. Ici, Relom invente un double looser de lui-même et se met en scène au travers une aventure délirante de 78 planches. Il est donc auteur de BD et se lance à l’assaut du monde sans pitié de l’édition. Sans doute exutoire, l’exercice peut paraître facile, car il s’agit d’« exorciser » les affres d’un environnement professionnel de proximité et ne jamais restreindre la férocité revancharde. Mais avouons que l’exagération portée à son paroxysme se révèle très souvent bidonnante. Il vaut les voir, ces croulants conservateurs du Bombard, ne rien capter à notre époque… Et tout le monde en prend pour son grade, les journalistes y compris, qui encensent systématiquement et uniquement une frange pseudo-intello du 9ème art. Afin de ne point laser, Relom a la bonne idée de zapper de temps à autre de son récit principal vers des parenthèses digressives (ex : le mouvement Punk et ses contradictions). Pour illustrer les conseils et directives qu’on lui impose, il intercale aussi la production bédessinée de série B de son double de papier. Ainsi, l’absurde ultime met en scène un western sur le thème de la cuisine et de l’intégration sociale… Et le pire, c’est qu’il le fait en s’appliquant sur le plan graphique, changeant parfois de style au grès des besoins marketing (la planche façon de Crécy est ultime).