L'histoire :
Léopold Sully Darmon est un avocat très apprécié des médias pour les causes nobles ou surprenantes qu'il choisit de défendre. Une jeune femme musulmane qui poignarde son mari, une association de défense des sans abri, des coupeurs d'OGM ou les ouvriers grévistes d'une grande entreprise... Il ne manque jamais une occasion de mettre en avant sa personne, comptant sur son exposition pour attirer quelques affaires qui lui permettront de renflouer ses finances tendues. Mais il subsiste quelques zones d'ombre dans son passé de fils de policier camerounais, réputé tortionnaire pendant la guerre civile. Un héritage mal assumé qu'il n'évoque pas volontiers, mais qu'un journaliste fouineur va tenter de mettre en lumière. Lorsqu'un ancien client vient le voir pour lui demander de défendre sa femme accusée de crimes contre l'humanité, Léopold à un mouvement de recul. Il a toujours tenté de choisir les victimes plutôt que les bourreaux, mais l'histoire de cette femme d'origine irakienne, dont le passé resurgirait mystérieusement, l'interpelle. Son ex-mari est convaincu de son innocence et appuie ses affirmations par une information inédite et capitale sur Zeinab Schoelcher. Léopold accepte l'affaire et décide de se rendre en Irak pour rapporter des éléments nouveaux à l'enquête qui débute. Un voyage à risques qui va prendre une tournure inattendue...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Malgré un cliffhanger final très habile, il plane une vraie incertitude sur le premier volume de cette nouvelle série grand-public. Le choix d'ancrer cette enquête au milieu de personnages identifiés clairement pour leur appartenance religieuse est inattendu et peut s'avérer délicat lorsque leur mise en scène est équivoque. Les auteurs commencent pourtant leur album sans ménagement, lorsque, dans le tribunal, une famille proteste pour que la femme maltraitée par son mari intégriste musulman soit condamnée pour s'être défendue à l'aide d'un couteau. Le ton est donné, qui va accompagner le brillant avocat lorsqu'il prendra la défense d'une femme accusée d'avoir torturé en Irak. Laurent Galandon et Franck Giroud introduisent ensuite les facettes multiples qui vont rendre leur personnage complexe, notamment lors d'un tête à tête avec sa mère au cours duquel son passé resurgit. Mais la scène manque malheureusement de crédibilité, appuyée sur des dialogues peu réalistes qui enchaînent des ressentis contradictoires. Un élément qui révèle probablement la contrainte d'un récit construit pour plaire au grand-public, comme l'illustre le choix du dessinateur Frédéric Volante. Ce dernier livre un boulot impeccable mais répond très fidèlement au cahier des charges visuel de la collection Troisième Vague. La combinaison de ces ambitions narratives et de ces contraintes commerciales devra se clarifier dans le deuxième tome à paraître, pour donner à cet avocat et au milieu dans lequel il évolue la densité qui leur manque encore. Mais aucune raison d'en douter à ce stade, avec un premier volume accrocheur.