L'histoire :
Léonie de Sars recherche activement son père, depuis presque un an maintenant. Alors qu’elle se trouve à Singapour avec Magdalena, elle annonce une excellente nouvelle à son amie : sa mère a reçu un télégramme de son père et ce dernier se trouverait actuellement à Smyrne, en Turquie. Elle est plus déterminée que jamais et soulagée de savoir son père en vie. Pourtant, elle s’inquiète pour Magdalena, qui boit énormément et semble bien malade : beaucoup pensent qu’elle est atteinte du typhus. La jeune fille n’est plus que l’ombre d’elle-même, car elle vit dans la terreur du retour de l’oncle Lukian. Il faut dire que les deux filles ont joué avec le feu en cassant leur accord et en volant le tableau de l’oncle. Les deux amies embarquent malgré tout pour la Turquie. Dans le bateau, beaucoup sont intrigués par le langage étrange et les manières rustres de Magdalena. Il faut dire que l’année 1945 est sous haute tension, puisque la guerre mondiale divise encore les pays. Se rendre en Turquie, alliée de l’Allemagne, est très dangereux pour Léonie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Suite et fin du diptyque de Christophe Dubois, qui fait premièrement penser aux Passagers du Vent : ici aussi, deux jolies femmes vont devoir écumer les mers et traverser bon nombre de dangers. Ce deuxième opus est beaucoup plus rythmé que le précédent. Les actions et les intrigues secondaires s’enchaînent très rapidement, au grès des terres traversées par Magdalena et Léonie. Entre belles rencontres et menaces inconnues, les femmes découvrent les dangers du monde et la nature humaine. C’est bien le sens de cette œuvre : la mer et sa sauvagerie ne sont finalement qu’une symbolique pour représenter le caractère impétueux de l’homme. A l’image des différents pays visités par Magdalena, les hommes rencontrés sont tous différents avec leur histoire, leur passé, leur souffrance et leur mensonge. L’épisode de la chasse aux perles est magnifique d’intelligence et de finesse psychologique ; deux hommes convoitant la même femme donnent deux versions très différentes de leur mésaventure. La vérité sera finalement dévoilée par la jeune femme et elle est bien loin de la représentation qu’en ont les deux ennemis. Les séries de voyages résonnent comme des contes, tant les anecdotes sont cocasses et parfois étranges. Pour rendre le récit encore plus crédible, Dubois ajoute beaucoup d’humour. En effet, l’énigmatique Brest fait régulièrement des jeux de mots fallacieux. Le choix d’intégrer des passages amusants à l’intrigue peut paraître surprenant, par rapport au genre de l’aventure. Mais Dubois est moins intéressé par l’action que par ses protagonistes. Magdalena et Léonie vont donc découvrir des personnages hauts en couleur, comme le facétieux Brest, le ténébreux Nasser Sehel, l’érudite Harriet Llewellyn ou la belle Makéda. Magdalena elle-même mûrit au fil du voyage et prend de l’assurance dans ce périple initiatique. Comme dans la vie, on oscille entre moments cocasses et drames humains : à ce titre, Dubois recherche toujours la meilleure façon de raconter et d’augmenter l’émotion. Le passage où Harriet est sauvagement abattue est magnifique d’ironie tragique. Dubois réserve de nombreuses surprises à la conclusion de ce tome et de sa série, avec en point d’orgue, la réapparition du terrible Lukian. Son apparition finale donne lieu à des scènes mémorables. Le tout est sublimement dessiné et ce, dès le début de la série. Dans la lignée du tome un, Dubois réalise un album en couleurs directes... impressionnant. Les cases s’agrandissent pour laisser respirer les décors de la mer ou les murs de Bordeaux. Ça et là, un coucher de soleil ocre perce la planche, tandis que les yeux bleus azur de Magdalena sont d’une profondeur sans fond. La ballade de Magdalena est un superbe voyage au cœur de la mer pour plonger dans l’âme humaine…