L'histoire :
Estelle est infirmière à la maison de retraite les Coquelicots. Avec sa collègue, elles doivent s'occuper de l'une de leur patiente, tout juste décédée. Elles prennent soin de ce corps qui n'est plus relié à la vie, le nettoie, y prêtent une grande attention. Mais lorsqu'elles essaient de le déplacer, le bruit d'un pet retentit : le dernier souffle de la vie. Les deux aides-soignantes ne peuvent s'empêcher d'avoir un fou rire. Un peu de joie dans un environnement bien triste, où la mort n'est jamais très loin et vient régulièrement frapper aux portes des résidents. Le rire comme exutoire. Malgré quelques instants de légèreté, le quotidien est souvent difficile. Entre les résidents atteints de perte de la mémoire, ceux dont l'état se dégrade au fur et à mesure, ou encore les familles qui remettent en question la façon de travailler des infirmières, le métier est dur, et poursuit les infirmières bien au-delà de leur temps de travail. Car il n'est pas possible de fermer les yeux sur des relations qui se créent, d'autres qui se fanent. Estelle se sent de plus en plus concernée, de plus en plus impliquée. Elle ne peut se résoudre à laisser dans la souffrance ces personnes à qui elle tient tant. Mais elle pourrait finir par perdre pied...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Estelle travaille en maison de retraite. Malgré de grands moments de complicité et d'intimité avec les résidents et ses collègues, le quotidien est physique, et psychologiquement éprouvant. Confrontée à la mort, à la maladie, elle pourrait finir par perdre pied. Quentin Zuttion, auteur de nombreux titres dont Appelez-moi Nathan, Touchées ou encore Barbouillé, revient avec un nouvel album. Habitué à traiter des sujets de société souvent difficiles, il s'intéresse cette fois à une profession, pour mettre en lumière un quotidien contraignant. Nous suivons le personnage d'Estelle, qui pratique ce métier depuis de nombreuses années, sans jamais avoir eu de problèmes particuliers. Mais la confrontation quotidienne avec la mort, l'attachement aux patients, les maladies dégénératives, vont être de plus en plus difficiles à vivre pour elle, et elle pourrait être amenée à commettre l'irréparable. Avec beaucoup de subtilité, et toujours avec beaucoup d'émotions, l'auteur nous immerge dans ce quotidien, et nous emmène à la découverte des résidents de cette maison de retraite. La douceur et l'attention sont les maîtres-mots qui rythment les heures de travail d'Estelle, et elle réussit à créer des liens souvent intimes avec chacun d'entre eux. Côté graphismes, on reconnaît le trait de l'artiste, qui joue sur les teintes de bleus froids, tout en ajoutant ponctuellement des touches très joyeuses de couleurs.