L'histoire :
Paris, la nuit du 24 décembre 2006. Fanny effectue ses dernières courses pour le réveillon. Son mari, Thibault, travaille ce soir-là. Alors, pour ne pas passer cette soirée seule avec elle-même, la jeune femme a invité sa soeur. Celle-ci, ravie, lui a cependant demandé d'inviter également leur mère pour passer un Noël en famille. Mais Fanny a la boule au ventre, elle redoute cette soirée : elle n'est pas enchantée à l'idée de revoir sa maman. Elle s'applique cependant à préparer un délicieux repas. Plus tard, dans la soirée, Thibault est convoqué au commissariat : il y a eu un souci avec sa femme. En arrivant, il s'entretient avec un policier, et n'a pour le moment pas le droit de communiquer avec Fanny. Il est perdu, il ne comprend pas la situation, il doit y avoir une erreur. En effet, sa femme est accusée de meurtre. Mais en la regardant dans sa cellule, il la voit changée. Son visage s'est durci, et des taches de sang parsèment son cou et son haut blanc. Avant de passer devant un tribunal, Fanny rencontre un avocat. Elle va revenir sur son passé compliqué, et sur les faits qui se sont déroulés cette nuit-là.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Fanny a vécu une enfance difficile avec sa sœur jumelle Tania : les relations avec leur mère étaient conflictuelles, tendues, dénuées de communication et d'affection. Ces sources sont à l'origine d'un traumatisme profond chez Fanny, et provoqueront un véritable drame familial. Sylvie Roge nous propose son premier roman graphique en tant que scénariste, co-réalisé avec son compagnon de vie, Olivier Grenson, qui signe les illustrations. Le scénario explore le cheminement d'une femme toujours hantée par les blessures de son passé, qui l'auront tellement affectée psychologiquement, qu'elle commet l'irréparable dans un accès de violence inouïe qui ne lui ressemble pas. Ce thriller psychologique est prenant, saisissant, et nous assemblons en même temps que l'avocat, les différentes pièces du puzzle. L'influence de l'enfance de Fanny dans sa vie actuelle est finement abordée à travers le prisme des contes, qui vont rythmer sa jeunesse, et qui parsèmeront le récit. Sa mère deviendra la terrible belle-mère de Blanche-Neige, son animal de compagnie sera identique au lapin présent dans Bambi, des escarpins seront laissés de côté comme les traces d'un amour passé... Les illustrations sont dans des tons assez froids et pastel, comme si un filtre du passé se greffait sur ces souvenirs. Mais on notera quelques touches de rouge vif, disséminées au fil du récit, qui dénotent toujours un peu, et qui montrent l'origine de cette souffrance, sa présence de l'enfance à l'âge adulte. Un roman graphique bouleversant, dans lequel la tension va monter progressivement, en nous tenant en haleine jusqu'à la dernière page.