L'histoire :
Amélie est heureuse : en payant de sa personne, elle a réussi à faire acquitter Manda, un charmant malfrat accusé de meurtre. En descendant de la calèche qui l’amène à la Santé, c’est l’effroi : au sortir de la prison, son amant se jette dans les bras d’une autre ! En pleurs, Amélie se réfugie chez son amie Belle-Hélène, celle qui l’a initiée aux plaisirs de la chair entre femmes, mais également à l’art de la prostitution. Belle-Hélène pense profiter de la situation, mais ses espoirs sont rapidement éconduits par Amélie, qui réaffirme son amour pour son caïd. Les jours passent et les avances de la Belle-Hélène sont de plus en plus insistantes. Amélie décide d’aller prendre l’air. Sur son chemin, elle croise Bouchon, un de ses anciens souteneurs. Ce dernier n’hésite pas à l’intimider et à la menacer : la belle blonde arrive à s’extirper du guet-apens et trouve refuge dans un bar. Sur la scène, un beau blond, tatoué, petite moustache, foulard au cou, chante une romance : il s’agit de Leca, le chef de la bande de Popincs. La jeune prostituée est conquise, elle ne résiste pas à l’invitation du voyou…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce second tome de la Fille de Paname vient conclure l’histoire librement adaptée de la vie d’Amélie Hélie, plus connue sous le surnom de « Casque d’or » (notamment interprétée au cinéma par Simone Signoret). Dans le Paris de la belle époque, Amélie, qui veut fuir une vie ordinaire, se prostitue. Elle fait tourner la tête de tous les caïds de la pègre. Elle suscite les passions, les chefs de bandes sont prêts à se suriner pour obtenir ses faveurs. Même la prostituée qui l’a initiée au tapin ne recule devant aucune ruse pour la re-conquérir. Laurent Galandon dépeint une femme éprise de liberté, amoureuse (de plusieurs hommes à la fois) mais qui se lasse rapidement, entière, faussement naïve et qui se prostitue de son plein gré ; cette fille de joie est attachante car elle ne joue pas avec ses sentiments. Le contexte sordide des bas-fonds de Paris du début du XXème siècle est parfois caricatural, mais on se régale des expressions en argot, de la gouaille des personnages. L’histoire est découpée en « chapitres », chacun introduit par la Une revisitée du Petit journal (quotidien qui a couvert le fait divers à l’époque). Esthétiquement, le dessin de Kas est simplement magnifique : il sublime la misère des quartiers populaires, les personnages féminins ont des courbes généreuses, les voyous des gueules d’ange. Les couleurs de Graza sont vives et donnent de l’intensité à ce récit déjà très animé. Une collaboration efficace qui donne un résultat des plus agréables et vous assure un très bon moment de lecture.