L'histoire :
Irascible, malade, aigri, le vieil Hector Wiestal vit ses derniers jours en compagnie d’une servante qui lui est dévouée corps et âme. Alester, roi d’Archaon et autrefois ami d’Hector, lui envoie une lettre dans laquelle il lui apprend qu’il est mourant et qu’il a besoin de son aide. Le royaume est en effet convoité par d’autres peuples, désireux de s’asseoir sur un trône sans héritier connu. Trente ans plus tôt, Hector fut mutilé et banni de la capitale Myrmirrine par le même Alester, pour lui avoir volé lady Jester, la plus belle femme de Rougemont, royaume allié d’Archaon. Alors au faîte de sa gloire, Hector fut déchu de ses titres et renvoyé aux confins du royaume. Frappé par l’opprobre, il sombra alors dans un oubli profond, avec pour seuls compagnons les souvenirs amers d’une légende désormais entachée de trahison. Au nom de leur ancienne amitié et des victoires ayant façonné la légende de la Meute (nom de la compagnie de mercenaires fondée par Alester pour asseoir la suprématie sur le continent), Hector décide de venir en aide à Alester, pour le meilleur et pour le pire. Rédemption ou damnation, seule l’aventure lui fournira la réponse…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Assurément, il faudra suivre avec attention la paire d’auteurs Henscher/Tarumbana. Le premier tome de cette trilogie plonge le lecteur dans un univers médiéval singulier, à la fois enchanteur et sauvage, brutal et merveilleux. Tous les ingrédients nécessaires à la confection d’un mille-feuille historico-fantastique y sont distillés avec doigté : un territoire imaginaire, le royaume d’Archaon, des peuplades en guerre et la figure du banni, pivot central du récit cristallisant désirs, peurs et angoisses de personnages avides de grandeur, liés de près ou de loin à l’histoire légendaire de la Meute. Trahisons, coups bas, vengeance et ésotérisme sont les fils d’une narration éclatée, orchestrée avec maîtrise par Henscher. Malgré un rythme très soutenu, (aucun temps mort, une grande fluidité) les nombreuses digressions nécessaires à la mise en place des personnages, de l’histoire et du décorum, alourdissent par moments un propos volontiers emphatique. Un souffle de merveilleux traverse par ailleurs cette histoire tourmentée et complexe, pour le plus grand plaisir du lecteur. Le scénario est servi par un graphisme splendide et bluffant de maîtrise. C’est en effet la première publication BD pour ce jeune auteur. Rehaussé de couleurs crues oscillant entre chaud et froid, le trait fin, précis et réaliste de Tarumbana permet de glorifier la légende passée de la Meute. Quelques plans sont de toute beauté, notamment celui montrant Myrmirrine, capitale et joyau du royaume d’Archaon. Le talent du dessinateur transpire sur de nombreuses planches ainsi que les longues heures de travail. Bref, la chimie opère avec efficacité dans ce premier tome convaincant malgré, il est vrai, un ton parfois grandiloquent. Néanmoins, l’ensemble apparaît avant tout ambitieux. Au final, le constat est celui d’un album réussi et c’est avec un intérêt non dissimulé que l’on attendra la suite de cette trilogie « légendaire »…