L'histoire :
En raison d’un bête problème de GPS, Aldo vient d’écraser sa voiture de location au fond d’un ravin, dans un paisible coin de campagne vallonné. Il s’en tire miraculeusement avec une blessure à l’abdomen. Il remonte la falaise et s’en va, titubant, toquer à la porte de la première ferme qu’il aperçoit. Il est accueilli par une scène qui le fait tourner de l’œil : la fermière tranche la tête d’un poulet (encore vivant) sur un billot. Bien qu’il soit très costaud et membre de la mafia, Aldo n’a jamais supporté la vue du sang frais ! Il se réveille allongé sur le canapé de la jeune fermière, prénommée Lou. Elle lui a posé un bandage et préparé un thé. Lou conserve ses distances. Elle lui propose le gîte pour une nuit, le temps qu’on vienne le récupérer. Mais la nuit, Aldo a faim. Il descend fouiller la cuisine en quête d’une cuisse de poulet. Il ouvre alors le congélateur et découvre… le cadavre d’un homme décapité. Il se prend aussitôt un coup de poêle à frire sur le crâne. Il se réveille cette fois ligoté dans la cave de Lou, qui n’a pas trop envie qu’il la dénonce après qu’elle a tué son mari. Pour sauver sa vie, Aldo lui offre ses services : en tant que fils de boucher et membre de la pègre, il s’y connait pour faire disparaître les cadavres, notamment à l’aide d’une machine à hacher la viande. Lou accepte…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’illustrateur suisse Debuhme (de son vrai nom Philippe Baumann) nous avait déjà gratifiés en 2019 du conte contemporain et métaphorique De la nécessité d’avoir un ours chez soi. Le revoilà qui pose un nouveau regard cynique et humoristique sur nos contemporains, avec ce thriller glauque qui louche sur le vaudeville. L’ambiance rurale et sanguinolente du Goût du sang est donnée d’emblée, façon Fargo (la série Netflix®). Un mafieux qui a peur du sang ; une fermière qui a décapité son mari ; des sbires qui veulent faire le ménage ; un flic local quelque peu tendre et candide… L’enchaînement des évènements est totalement rocambolesque et s’appuie sur tous les clichés du polar pour mieux les détourner, avec une bonhommie bouffonne bienvenue. Les amateurs d’humour noir, de squelettes dans les placards et d’hémoglobine devraient apprécier. Le dessin humoristique est vif, dynamique… parfois un peu expédié (quand le tumulte s’accélère vers la fin), mais le découpage séquentiel fait bien le job et nous entraîne avec plaisir dans cette farce gore, détonante et néanmoins légère.