L'histoire :
Sur le trottoir d’une de nos villes, se trouve Achille Talon (oui, vous êtes sur la bonne page ; non nous ne nous sommes pas trompé de chronique), tout entier tourné vers un de ses passe-temps favoris : la rêverie. Au pied de cet homme, les Ahlalàààs, de minuscules créatures qu’on peine à voir à l’œil nu, se préparent à un grand évènement : l’ascension du Mont Talon par un duo d’alpinistes chevronnés ! Le peuple des Ahlalàààs est en ébullition, leurs télévisions filment en direct. Le chef de l’expédition, Toulalàào, a même confectionné une pancarte marketing pour assurer sa propre promotion. La grimpette commence logiquement par la première corniche constituée de la semelle de la chaussure d’Achille Talon. Avec force pitons, cordages et piolets, les deux grimpeurs progressent ainsi jusqu’au dessus de la chaussure où ils plantent leur premier bivouac pour la nuit. A ce moment, un phénomène étrange se produit : après une forte secousse sismique, la paroi disparaît ! – en réalité, Achille a retiré ses chaussures pour la nuit. Le lendemain, après une nouvelle secousse sismique, ô bonheur, la paroi est revenue et les deux alpinistes reprennent leur ascension. Cette fois, ils attaquent le pantalon…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec cet étonnant one-shot, le papa de Yakari et de Buddy Longway s’offre un récit en marge de ses œuvres régulières, doublé d’un bel hommage au personnage culte de feu Greg, Achille Talon. Cette friandise récréative n’est pas sans rappeler les délires lyriques de Fred (l’auteur de Philémon), qui a l’art et la manière d’utiliser la forme pour constituer le fond. La surprise de tomber sur le personnage d’Achille Talon dès la première planche est rapidement expliquée par l’intention de l’aventure : le minuscule peuple des Ahlalàààs s’est donné pour défi de grimper jusqu’au sommet du crâne de ce personnage culte. Le récit est ensuite intégralement dédié à cette quête ascensionnelle, progressive et ponctuée de diverses incidences périlleuses : la rencontre avec une mite (un monstre gigantesque), un bouton qui se détache, une goutte de crème qui leur tombe dessus, un nuage toxique de parfum… Certains seront un peu déçus de ne pas en savoir plus sur cette civilisation de minuscules êtres poilus, ou sur les motivations du challenge auquel ils se livrent. Ici, il ne faut rien chercher d’autre qu’une grimpette jusqu’au sommet, point final. Evidemment, vu le talent et l’expérience de Derib, les personnages débordent de tendresse et l’aventure est livrée avec rythme et suspense. Maîtrisé, le dessin et les couleurs vont au plus simple – peu de décors, sinon les aplats gigantesques que représentent les masses du « Mont Talon ». Une mention spéciale quant au personnage d’Achille Talon, impeccablement restitué dans son quotidien.