L'histoire :
Après avoir décoché ses dernières flèches dans le lit du torrent alimentant Ravinum, pour protéger la fuite de Thorgal et des siens, Kriss de Valnor est mortellement touchée. Elle se réveille alors aux portes du tribunal des Walkyries. Freyja, leur déesse, a pour mission de juger si Kriss est digne de rejoindre le Walhalla, un paradis réservé aux valeureux guerriers morts au combat. Le problème, c’est que la belle n’est pas un guerrier valeureux. Pire : elle est connue pour ses fourberies et son égoïsme puant. Seul son dernier acte de bravoure, pour sauver son fils et la famille de Thorgal, pourrait l’épargner d’une condamnation à errer éternellement dans les brumes glaciales du Niflheim. Pour se convaincre qu’elle mérite ce mythique paradis, Freyja lui demande de lui conter l’enfant qu’elle était… Kriss est une enfant chétive et faible qui essaye, en chassant, d’améliorer le quotidien de sa mère Olgave qui l’élève seule. La pauvre femme attend inlassablement le retour du père de Kriss. Mais Kahaniel de Valnor n’a donné aucun signe de vie depuis presque 12 ans (l’âge de la petite). Aussi, l’une et l’autre sont-elles sous le joug de Ferkel, une brute épaisse qui, sous prétexte de subvenir maigrement à leurs besoins, n’hésite pas à se montrer violent. A bout et devant la lâcheté d’Olgave, la jeune fille est même prête à mettre un terme à l’existence de ce gros porc, mais elle n’y parvient pas…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après l’univers de XIII, c’est une des autres séries phares créées par Jean Van Hamme qui offre son spin off. Ainsi, à la manière de XIII Mystery, Les Mondes de Thorgal devraient focaliser sur un personnage clef de la saga, le temps d’un ou plusieurs albums, histoire d’utiliser le formidable potentiel laissé en friche par les auteurs initiaux. Avant Louve et d’autres, c’est l’envoutante guerrière au caractère de chien (et véritable grain de sable dans le destin de Thorgal) qui s’y colle. Ce premier chapitre (d’une trilogie ?) débute là où le 28e opus de la série mère nous avait laissés. A savoir : à la mort de Kriss. Aussi, aux portes du mythique Walhalla, est-elle contrainte par les Walkyries de conter son enfance pour espérer le gagner… De cette manière, Yves Sente ouvre largement son terrain de jeu. Et il utilise cette judicieuse opportunité plutôt habillement, en allant là où tous les « thorgaliens » souhaitaient le voir aller. Car d’une part, même si le récit saute à pieds joints dans d’inévitables clichés (l’enfance malheureuse pour justifier la psychologie future de la belle…), il ne s’en contente pas. Une première aventure est en effet en sus impeccablement bouclée. Pas des plus originales, mais parfaitement raccord avec celles distillées dans la série principale pendant 30 ans. Et c’est là justement le 2e atout du scénario : réussir à s’intégrer parfaitement dans l’univers et « refaire du Thorgal » pour notre plus grand plaisir. Même si l’épisode peut être lu en totale méconnaissance de la saga initiale (le scénario paraitra alors peut être un peu plus convenu), on apprécie de retrouver ici Sigwald et Argun « pied d’arbre » qui apparaissaient pour la première fois en même temps que Kriss dans Les Archers (tome 9). Premier dessinateur à marcher sur les pas de Gregorz Rosinski, Giulio de Vita s’en sort haut la main : fluidité, maitrise du découpage et des scènes d’action… et surtout un dessin se fondant parfaitement dans celui de son prédécesseur (décors, personnages, couleurs…). Un excellent début qui, bien plus qu’une simple opération commerciale, utilise notre univers préféré avec intelligence et brio.