L'histoire :
Pour récupérer « sa part sauvage » lancée par le mage Azzalepstön au cœur du Royaume du Chaos, Louve a dû, elle aussi, en prendre le chemin. En jeu, ni plus ni moins que sa vie. Car si son double sauvage parvenait à remplir sa mission (récupérer la main coupée du Dieu Tyr…), il serait définitivement libre et empêcherait ainsi Louve de grandir à jamais. Aidée par Vigrid (un demi-dieu bien connu de la famille…), accompagnée d’un automate ayant l’apparence d’une chouette et munie d’un bracelet magique, elle rejoint les terres de Fenrir, une sorte de loup-géant, maître du fameux royaume et gardien de la main tant convoitée. Il s’en faut de peu, dés les premiers instants, pour que la confrontation tourne court. Mais grâce au refuge d’une colonie de champignons particulièrement nauséabonds, elle parvient à échapper à la fureur du puissant démon. Tandis qu’elle se débat et cherche un moyen de devancer son double sauvage, dans son village, sa mère Aaricia vit le plus douloureux des moments. En effet, bernée par les manigances intéressées de Lundgen, elle croit Thorgal mort. Aussi, convaincue que sa fille ne reviendra pas, elle aussi, décide t-elle d’en finir en se jetant dans l’océan…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une paluche à récupérer, une grosse bestiole poilue pleine de dents à mater, un demi-dieu avide, un hibou mécanique, un bracelet magique, quelques dragons et un double-sauvage…Voilà de quoi amuser notre petite Louve pour ponctuer avec rythme et efficacité ce premier cycle d’aventures qui lui est consacré dans Les Mondes de Thorgal. Relayant une nouvelle fois parfaitement l’univers de la saga-mère, cet épisode de conclusion se veut divertissant. Peut-être pas des plus surprenants, mais habilement ciselé pour accrocher un large public. La confrontation attendue avec Fenrir et son épilogue sont ainsi joliment pesés. L’association de Louve avec « sa part sauvage » offre une judicieuse – et pédagogique – opposition entre force brutale et habilité de l’esprit. Le malicieux tour qu’elle propose à Azzalepstön est finement joué. Le rythme est trouvé en alternant à cette intrigue en Royaume du Chaos les mésaventures subies par Aaricia (et les manigances de Lundgen…). Bref, l’ensemble est impeccablement maîtrisé. De surcroît, il continue de construire des ponts avec la série originelle – tout comme les autres spin-off. Et ce, qu’il s’agisse d’anciens ou de futurs tomes. Les toutes dernières planches en sont le plus bel exemple : elles offrent à la fois un parfait contrepoids au cycle compris entre les tomes 18 et 23 de Thorgal et alimente de fait les scénarii à venir de la saga (vous verrez bien pourquoi…). Yann et Yves Sente s’adonneraient-ils ainsi à un petit ping-pong scénaristique, histoire d’aiguillonner leurs travaux ? Rien de tel, en tout cas, pour démontrer la parfaite cohérence de l’univers ainsi créé. Même si – ne soyons pas trop naïfs – cela permet aussi de faire tourner l’entreprise Thorgal à fort régime, sans la faire uniquement reposer sur les épaules de notre viking courageux. Mention spéciale également, une fois encore, au dessin de Roman Surzhenko, dont l’élégance, la douceur et la fidélité ne sont pas le moindre des atouts.