L'histoire :
Faut-il que Kriss voit dans ce mauvais rêve une douloureuse prémonition ? Elle vient en effet d’avoir « une conversation » avec la Déesse Freyja, celle-là même qui lui a permis de retrouver le monde des vivants et qui lui reproche son comportement : tuer à nouveau, terroriser et manipuler, par soif de pouvoir, de richesse et de vengeance. En tout cas, le message onirique est clair : elle doit changer et se purifier pour éviter de succomber à la colère des Dieux, une nouvelle fois. En attendant, elle a une guerre à préparer avec son jeune époux, le Roi Guérisseur Taljar, qu’elle a connu en d’autres circonstances sous le nom de Jolan, le fils de Thorgal. La bataille s’annonce complexe : les forces en présence sont déséquilibrées et il faudra rapidement trouver une stratégie inventive pour contrer l’armée de l’Empereur Magnus. Kriss conseille en outre à Jolan que lui et ses trois compagnons n’utilisent pas à tout-va leur magie, s’il veut réellement devenir un Roi respecté. Et puis surtout, elle lui indique qu’au-delà de cette confrontation qui doit permettre aux Vikings de conserver leurs croyances « religieuses », elle a un tout autre objectif : s’emparer de l’or de l’Empereur.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Episode transitoire ? Manque réel d’inspiration ? Appui volontaire sur la pédale de frein ?... Ce cinquième opus de la série parallèle dédiée à la sulfureuse Kriss de Valnor joue la montre, manque terriblement de densité et, de fait, se veut moins captivant. Jusqu'à présent, le scénario avait été impeccable pour remettre dans la course l'anti-héroïne que Jean Van Hamme avait fait mourir dans le tome 28 de la série originelle. Parfait aussi pour avoir savoureusement créé des ponts avec le reste de la saga. Malicieux pour avoir intelligemment construit l’intrigue autour de sa personnalité et lui avoir mis dans les pattes le rejeton de son ex amant… Malgré cela, ce 5ème opus de l'arc Kriss de Valnor pantoufle, en proposant presque uniquement de mettre en scène la confrontation entre l’armée de l’Empereur Magnus et les troupes des Reine et Roi des Vikings du Nord. Certes, on retrouve un gentil entrelacs de traîtrises, de stratégies, de relations complexes, de soif d’or et d’un peu de magie. Mais l’ensemble est mollasson et juste réveillé ce qu’il faut par le cliffhanger de conclusion. On regrette que le récit n’ait pas osé nous prendre un peu plus au dépourvu et que les mèches allumées (cette histoire de mariage, les jalousies croisées des compagnons de Jolan, le rôle d’Arlac, le trésor de Magnus…) ne soient pas allés jusqu’à la belle explosion qu’elles auraient pu engendrer. Souhaitons simplement que le meilleur reste à venir pour que Jolan et Kriss endossent un peu mieux le costume charismatique auquel ils ont droit. A l’inverse, rien à redire sur le travail de Giulio de Vita, qui confirme sa belle appropriation de l’univers de Rosinski, tout en proposant des cadrages fouillés et une belle aptitude à mettre du mouvement dans son dessin.