L'histoire :
La Porsche de Ric Hochet est au garage – elle avait pris cher dans Crimes-sur-mer – tant et si bien que le garagiste va en avoir pour pas mal de temps pour la remettre en état. Le célèbre reporter-détective n’a d’autre choix que de passer par la case transports en communs et autres. Direction les studios de l’ORTF, où il est invité à parler de son nouveau livre : Les Nouvelles enquêtes de Ric Hochet, recueil d’articles publiés dans La Rafale. Tout va pour le mieux, la mer est calme, les téléspectateurs posent leurs questions... jusqu'à ce qu’une spectatrice prenne la parole. Frontale et effrontée, elle accuse Ric d’hypocrisie : à quoi bon pourchasser le crime si celui-ci renaît sans cesse ? Pour elle, la seule justice véritable est celle qu’on administre soi-même. Troublé par cette sortie, Ric retrouve la journaliste-présentatrice avec Nadine au café voisin. Ensemble, ils décryptent cette intervention et s’interrogent sur cette femme qui semble en savoir long sur lui. L’ombre d’une vengeance, d’un crime ancien ou d’un double rôde autour de Ric Hochet. Qui sait ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec Dead Sugar, Zidrou et Simon Van Liemt signent l’un des albums les plus subtils et les plus troublants de cette « seconde vie » de Ric Hochet. Le détective blond, privé de sa Porsche, privé de vitesse, affronte ici une adversaire inattendue : une femme convaincue que la seule façon d’éradiquer le mal est de tuer les criminels. Une sorte de Dexter au féminin, lucide, implacable et fascinante, qui pousse Ric Hochet à s’interroger sur les fondements mêmes de sa morale. Ce qui se joue là est moins une enquête qu’un vertige : Zidrou interroge le mythe, met son héros face à ses contradictions, comme si la figure lisse du justicier d’hier devait désormais composer avec la complexité morale du monde d’aujourd’hui. Fidèle à son habitude, le scénariste s’amuse avec la légende sans jamais la parodier. Il joue du mythe comme d’un instrument : il le fait vibrer autrement, en ajoutant quelques fausses notes pour mieux en révéler la profondeur. Simon Van Liemt, de son côté, ne se contente pas d’imiter Tibet : il l’interprète. Son trait, plus nerveux, plus contemporain, n’efface rien du charme rétro mais y glisse une modernité discrète — un cadrage en contre-plongée, un Ric de dos, une lumière crue sur un visage. Tout semble à la fois familier et déplacé, comme un souvenir qu’on redécouvre sous un angle nouveau. Ric Hochet en solex comme Jérôme K. Jérôme Bloche... quel clin d'œil ! Dead Sugar confirme la réussite de ce Ric Hochet « post-moderne ». Un héros qui ne résout plus seulement des énigmes : il doute, il se fissure, il s’humanise. La suite au prochain épisode dans les Assassins Anonymes.