L'histoire :
Une petite communauté habitant un même HLM, le « 109 », finit d’accueillir de nouveaux voisins : la famille Moinot. Tous ont aidé à porter leurs meubles et leurs cartons, il est maintenant temps que chacun rentre dans son chez-soi. Attirés par l’odeur du pot-au-feu, le concierge et sa petite femme polonaise se retrouvent chez Marie-Rose, la mamie à chats du rez-de-chaussée. Celle-ci leur explique qu’elle adore les hommes en uniforme, pompiers, militaires… lorsqu’on sonne à sa porte. Ce sont les trois étudiants en art du dernier étage qui viennent lui demander si elle accepterait de poser pour leur projet de fin d‘année. Elle accepte avec enthousiasme, quand bien même il s’agit de poser nue ! Mais auparavant, il faut satisfaire à une séance d’épilation… Dans l’appartement voisin, un biker moustachu et baraqué discute avec sa fille Lola – qui a beaucoup grandi ces derniers temps – de son divorce. Elle lui explique la liberté sexuelle et le slam. Dans l’appartement du couple gothique, Iggy se concentre de toutes ses forces pour réussit à pleurer d’un œil : quand ça coule sur le Rimel, ça fait style Alice Cooper…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Logique : après Vendredi, vient Samedi. Coyote et Nini Bombardier poursuivent leur petite analyse sociale, à travers plusieurs tranches de vies qui forment autant de sketches. La petite vieille, le couple gothique, le biker et sa fille, mais aussi le collectionneur fou de Tintin (l’occasion d’une planche géante hommage hallucinante !), l’amnésique au comportement lunaire qui a une vision déformée de la réalité, les deux célibataires qui se draguent sur Internet… L’air de ne pas y toucher, les auteurs abordent par petites touches des sujets sensibles et variés. Tantôt se sont deux lesbiennes qui se posent la question de la maternité, tantôt c’est l’acceptation de sa propre flétrissure et de la nudité par une petite vieille affable et éclairée. Ou encore la formule inverse du retour du fils prodigue : le père ancien baba-cool ne supporte pas que le fiston soit aujourd’hui un PDG plein aux as, qui a un pouvoir sur le prolétariat. Il ne faut retenir de ce « récit chorale » aucune leçon de morale particulière, juste un grand bol d’air de tolérance et de fraternité. Sous le vernis des apparences, se trouve en effet toujours des bijoux d’humanité. Ce microcosme d’un même immeuble est une métaphore de notre société, dans toute sa diversité. Le coup de crayon caricatural et chiadé de Coyote beaucoup à la bonne humeur qui s’en dégage. Par rapport à ses œuvres plus connues (Litteul Kevin, Mammouth et Piston…), l’artiste ajoute à présent la couleur à sa palette graphique, accordant beaucoup de relief à l’ensemble et c’est très réussi. Maintenant, comme dirait l’autre, vivement Dimanche !
