L'histoire :
Lester Cockney décide de faire une pause dans le périple qui devait l’amener au Klondike, où il espérait faire fortune en tant que chercheur d’or. En effet, son épouse Taranna enceinte, il s’agit de trouver un coin où se poser, avant d’affronter les rigueurs de l’hiver. Toujours accompagné par l’écossais Angus McBride, le couple surprend de loin l’attaque d’une ferme isolée par des déserteurs devenus pilleurs. A cette époque, la guerre opposant les yankees nordistes aux confédérés sudistes fait des ravages et nombreux sont les renégats transformés en hors la loi. Après leur intervention, et alors qu’ils poursuivent l’un des pilleurs, Cockney, McBride et Taranna retrouvent le fuyard transpercé d’une flèche indienne. La présence d’indiens belliqueux dans les parages, en l’occurrence des pawnees agressifs habituellement envers les autres tribus indiennes uniquement, n’augure rien de bon. La petite troupe en fait rapidement les frais : un tir embusqué Pawnee provoque une terrible chute de cheval pour Taranna. Immédiatement soignée par un vieux trappeur qui passait par là, elle perd son bébé…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce neuvième épisode de Lester Cockney sera également le dernier, étant donné qu’il est publié presque 3 ans après le décès de l’auteur, Franz. On y retrouve avec grand plaisir les 3 héros, chevauchant les vastes espaces de l’ouest américain, en proie à des aventures relativement traditionnelles mais néanmoins très réalistes. Tout commence par l’attaque d’un ranch, se poursuit par une cruelle confrontation avec les Pawnees pour se terminer par un désaccord de taille entre deux caractères opposés : Cockney et un vieux trappeur belge, personnage au cœur du récit. L’ensemble est donc un petit peu décousu, mais se laisse tout de même lire avec intérêt. Car on retrouve aussi et surtout le talent graphique d’un des grands noms de la BD franco-belge. Franz nous surprend encore avec ce rythme si particulier, alliant l’art d’aller droit au but en empruntant des raccourcis audacieux et une forme de maturité narrative idoine. Au delà de l’action pure, Franz confronte ses personnages à des questions essentielles sur le sens de leur existence et les rapports qui les lient à cette terre. Au passage, l’auteur multiplie les élisions et les digressions : la guerre de sécession, les mœurs des pawnees, la jeunesse de McBride ou du vieux trappeur belge. Cela relève d’une forme de narration un petit peu désuète, mais finalement tellement bienvenue dans le paysage stéréotypé de la BD moderne !