parution 25 mars 2016  éditeur Le Lombard  Public ado / adulte  Mots clés Historique / Politique

Mitterrand Requiem

Le dieu égyptien des morts apparait à François Mitterrand au crépuscule de sa vie. Il l’invite à faire un examen de conscience et de carrière. Une analyse politique et métaphysique étonnante et soignée, par Joël Callède, inattendu auteur complet.


Mitterrand Requiem, bd chez Le Lombard de Callede, Favrelle
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

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    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Yellow Star Yellow Star Yellow Star

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  • dessin Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

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©Le Lombard édition 2016

L'histoire :

Le 31 décembre 1994, le Président de la République François Mitterrand s’adresse une dernière fois aux français pour ses vœux. Sa conclusion restera longtemps en mémoire : « Je crois aux forces de l’esprit et je ne vous quitterai pas ». Un an plus tard, il n’est plus au pouvoir et il est mourant. Il a fini par perdre son combat contre le cancer de la prostate, les métastases ont envahi son corps. Pour ses derniers jours, il a choisi de faire un voyage en Egypte, aux côtés d’Anne Pingeot et de son médecin personnel. Il refuse d’être totalement étourdi par les drogues, afin de regarder la mort en face. Il veut saisir le mystère de l’au-delà, au plus proche. De fait, la souffrance l’empêche de dormir, la nuit et… il lui semble entrevoir une présence dans l’obscurité de sa chambre : il est visité par Anubis, divinité zoomorphe égyptienne, gardien des portes des enfers. Ce dernier lui propose une promenade métaphysique, en forme de bilan d’une vie d’actions politiques. Anubis lui offre pour commencer un retour au jour de son investiture, lorsque François Mitterrand est allé au Panthéon fleurir d’une rose les tombes de Jean Jaurès et de Jean Moulin. La suite de sa carrière a-t-elle seulement fait honneur aux idéaux humains et patriotiques de ces grands hommes ? Tous deux apparaissent tour à tour à lui, pour le sermonner…

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Le titre de ce surprenant one-shot est parfaitement explicite : nous sommes ici invités à causer métaphysique et bilan de carrière en compagnie de François Mitterrand, au crépuscule de sa vie. Parce que comme Mitterrand, Joël Callède est originaire des Landes ; et parce que sa personnalité d’homme s’est construite durant la génération du double septennat, l’auteur nous gratifie d’une double surprise. D’une part, personne n’attendait Callède dans ce registre sociétal et politique, lui qui s’était façonné une petite notoriété de scénariste dans le registre du thriller. Deuxièmement, peu savaient que Callède dessinait aussi ! Le sujet de ce one-shot ne lui permet certes pas de faire montre d’un dynamisme spectaculaire en matière graphique : il s’agit la plupart du temps de montrer Mitterrand qui palabre avec ses interlocuteurs, réels ou ésotériques, dans des décors fixes et réalistes. L’exercice était périlleux et Callède-dessinateur s’en sort fort honorablement, en variant les angles et les effets de mise en scène, en grand professionnel de l’art séquentiel. Callède-scénariste s’en sort encore mieux. Il fournit un véritable travail de synthèse sur le bilan d’une vie politique. Il met notamment l’ancien Président face à son côté obscur, offrant ainsi la thèse et l’antithèse de ses actions. Par exemple, le président abolitionniste de la peine de mort en 1982 a aussi été le ministre de Guy Mollet qui a signé les pouvoirs spéciaux à l’armée sous la IV République, autorisant torture et décapitations. Il a œuvré pour de vastes avancées sociales… mais des morts violentes jalonnent son « règne » (Grossouvre, Beregovoy). Il a incarné une France puissante et humaniste… mais il a trahi, respectivement, sa famille politique, sa femme et les français. « Une vie d’homme n’est qu’un équilibre permanent entre l’ombre et la lumière. » En une analyse ésotérique de 140 pages, Callède met ainsi en évidence la personnalité complexe, ambivalente, à la fois généreuse, autocratique et manipulatrice, d’un président face au dieu égyptien des morts, Anubis. Cette divinité ne le « juge » pas, elle le conduit avant tout à faire son propre examen de conscience et à répondre aux autres lui-même, sans que ça ne soit jamais ni pénible, ni redondant. Pour la forme, les dialogues ont été travaillés et se montrent pertinent, profonds et soignés, à hauteur de l’homme de lettres ; tandis que le fond donne sérieusement à réfléchir : Mitterrand a-t-il été un grand Président ? Au final, l’hommage prend le pas sur la diatribe. L’œuvre se détache par son angle original, prouvant, s’il en était besoin, le grand pouvoir évocateur de la bande dessinée dans le registre peu couru de l’analyse politique, avec 20 ans de recul.