L'histoire :
En mars 1864, un aventurier s’empare d’une mystérieuse carte au prix de maints périls dans les monts Ouachita (Amérique du Nord). Trois mois plus tard, de jeunes scientifiques festoient dans des salons de Washington. Malgré la guerre de sécession, ils ont déniché des subventions pour mener à bien une mission d’exploration anthropologique sur les terres indiennes de l’Arkansas. Après avoir étudié le document de Luachita, Bruce Taylor et Cyrus Powell pensent pouvoir prouver que ces terres ont jadis été peuplées par une espèce de géants humanoïdes ! En compagnie de la guide et trappeuse Lawrence Beckwing, et munis d’une recommandation gouvernementale, ils demandent ainsi une escorte à une compagnie de tuniques bleues dirigées par le colonel Harreck. Ce dernier n’apprécie guère qu’on lui mobilise des hommes qu’il a en nombre insuffisant… Mais étant donné que des tensions raciales sont vives entre ses soldats blancs et les noirs récemment affranchis, il accepte de confier un groupe de « nègres » à la mission. Le capitaine Jackson commande ce détachement de noirs, peu enclins à se laisser traiter comme une race inférieure et ayant la gâchette et le coup de poing faciles. Ils se sont récemment battus avec des camarades blancs de leurs rangs et ont aussi massacré un détachement de confédérés. Cette troupe bigarrée s’avance ainsi en territoire choctaws, avec pas mal d’ennemis en embuscade…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La thématique du racisme est décidément chère à Sylvain Runberg. Nombreuses sont les séries qu’il scénarise et qui s’emparent de ce sujet ; et le jour même de la sortie de ce Nephilims paraît aussi Les exilés de Mossenheim (chez Dupuis), qui revient sur ce champ sociétal. Pour autant, si ce nouveau western fantastique est emmené par une troupe de soldats noirs opprimés pendant la guerre de sécession, le cœur du sujet est un autre thème cher au scénariste : les espèces humanoïdes légendaires… et effrayantes. Après Les carnets de Darwin, Le chant des runes, Hammerfall, nous voilà en effet sur la trace des géants ayant jadis peuplé l’Amérique du Nord. Jadis, vraiment ? Le scénario co-écrit par Runberg et David Dusa (un nouveau venu !) insiste beaucoup sur la mise en place du groupe de soldats noirs et sur les infamies dont ils sont victimes. La tension monte à mesure que ce groupe d’explorateurs s’avance plus en avant « au cœur des ténèbres » (il y a sans doute une part d’hommage à l’œuvre de Conrad). Ce climat délétère permet au duo de dessinateurs Stéphane et Juliette Créty (père et fille) de brosser des trombines patibulaires, des décors inquiétants, des scènes de guet-apens tendus et dynamiques à souhait, et une ambiance crépusculaire renforcée par les couleurs toujours irréprochables d’Elvire de Cock. Les dernières planches entrent enfin dans le vif du sujet… et nous donnent rendez-vous dans un tome 2 à venir. Vous n’aurez vraisemblablement pas trop longtemps à attendre : le Créty dessine vite ! (Alors imaginez 2 Créty…)