L'histoire :
Ah ! La vie de famille... Qu’elle soit recomposée, monoparentale, qu’elle se conjugue à deux ou avec enfants, le plus compliqué reste l’équilibre, l’harmonie. Cela s’aggrave lorsque Madame surveille le régime de Monsieur ou qu’elle vole un baiser au premier venu. Le salut passe alors par de longues soirées sur le canapé sans échanger un mot. Pas facile non plus lorsque les sales gamins sèment pagaille et tourbillon dans les vies sentimentales. Torpillage des plans dragues : « Dites, vous êtes celui qui a des reflux gastriques, hein ? » et culpabilisation voulue « Vous êtes le Monsieur qui va remplacer mon Papa… ». Les têtes blondes rivalisent d’ingéniosité pour faire échouer les tentatives de leurs parents. Et que dire de la famille recomposée ou décomposée, c’est au choix, où les ex-vrais pères croisent les nouvelles demi-sœurs et le futur demi-tonton ? Mais pourquoi ne pas choisir l’amour à distance grâce à l’indispensable mobile ? Utilisation, par exemple, du forfait SMS illimité (seulement à partir de 2h du matin…) pour des proses télégraphiques en pleine nuit qui réveillent le chéri. Choix du lieu de rendez vous en fonction du nombre d’appels manqués pour corser l’aventure… ou la faire tomber à l’eau.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Chronique aigre-douce de nos vies accélérées, le 4e opus livré par Frédéric Jannin et Catheline appuie là où ça fait mal. Grotesques les psychos rigides du porte monnaie, affligeants les quadra à la recherche d’une nouvelle aventure... Et pire encore : à la faveur d’une planche, on retrouve parfois un peu de nous-même. La famille qui constituait autrefois le socle de nos sociétés est montrée du doigt, ridiculisée. A l’heure de l’ultra communication, dont le mobile est le fer de lance, on peine à écouter les siens. On manque les appels… Mais ne nous y trompons pas : les auteurs prennent d’abord le parti d’en rire en forçant le trait. C‘est d’ailleurs bien là le propre des caricatures, dont le graphisme nerveux de Frédéric Jannin adopte le style. Si les gags ne font pas mouche à chaque planche, certaines situations sont particulièrement savoureuses, pour peu que l’on soit bon public. On regrettera peut être les apparitions insuffisantes des personnages récurrents (ou le choix de ceux-ci) qui fidéliseraient plus facilement le lectorat. Un ouvrage qui n’a pas la prétention de rester dans les anales à l’instar des séries du genre, mais qui a le mérite de mettre un coup de projecteur sur les revers de médailles de nos sociétés civilisées.