L'histoire :
Dans un petit village du Moyen-Age, une grande soirée se prépare : deux sorcières vont être brûlées en place publique sur le bûcher. Pendant ce temps, une femme s'apprête à donner la vie, dans une maison de ce même village. Les villageois se réjouissent d'avance : le bûcher va être un beau spectacle. Mais Girolamo ne peut y assister : sa femme va accoucher, et il espère bien qu'elle donnera naissance à un garçon. Pour avoir commis des pêchés, les deux sorcières sont condamnées à la peine capitale. Le brasier est allumé. Beldie, l'une des deux femmes sur le bûcher, hurle le prénom de son amie. Viviana tente de la rassurer comme elle le peut : si elle inhale les fumées, la mort sera moins douloureuse. Au moment où Viviana maudit les Hommes qui l'ont condamnée, un cri de nouveau-né est poussé tout près. L'enfant de Girolamo est né ! Mais le père constate tout de suite que quelque chose ne va pas. Il n'est pas normal, il est albinos. Ils ne peuvent pas le garder ! Sa femme insiste, et l'enfant intègre la famille tant bien que mal... Il s'appellera Martino. Juste après le bûcher, les corps des sorcières calcinées sont jetés dans la rivière. Des années passent, Martino est devenu un petit garçon. Il aime passer du temps dans la forêt, là au moins, il n'est pas traité différemment, on ne se moque pas de lui. Et il a une passion pour les petits insectes. Mais dès qu'il retourne au village, le harcèlement et la discrimination s'abbattent sur lui. Son père, qui ne l'a jamais accepté, prend alors une grande décision...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Rebis, réalisé par les autrices Irene Marchesini et Carlotta DiCataldo, est d'abord sorti en Italie avant d'être publié en France par Le Lombard. Dans ce one-shot qui se déroule à l'époque médiévale, nous découvrons le personnage de Martino, un jeune garçon albinos rejeté par les siens à cause de sa différence. Il fait la rencontre d'une femme cachée dans la forêt, elle aussi marginale, avec laquelle il sympathise. Ils découvrent qu'ils ont beaucoup de points communs, et en particulier, l'intolérance de la société. Cet album est une petite pépite, qui nous plonge dans une lecture prenante et immersive. Le dessin est particulièrement réussi, il est l'atout premier pour attirer le lecteur. Le chara-design des personnages est soigné. Ces protagonistes marginaux, avec des caractéristiques physiques qui pourraient rebuter, sont pourtant élégants, identifiables au premier coup d'œil et attachants. Visuellement, les décors contribuent à l'immersion et à la réussite des planches, tout comme la colorisation. La dessinatrice se permet également quelques petites libertés visuelles, avec des personnages qui sortent des cases, des pleines pages ou des enluminures, qui rythment le récit et l'embellissent. Côté scénario, l'histoire est assez simple, mais bien développée. Le lecteur comprend progressivement les choses, il n'est pas parasité par des intrigues parallèles. Cet album très réussi aborde la question de la différence, de la sororité. Il développe une image de la sorcière et évoque également les questions de genre, le tout traité avec subtilité et intelligence.