L'histoire :
En 1814, Percy Shelley, poète anglais iconoclaste, libertin et athée, s’est amouraché de Mary Godwin, au point de l’inciter, elle et sa sœur Claire, à fuguer avec lui. Insouciants et libres, les trois jeunes gens prennent le premier bateau venu à Douvres : l’idée est de prendre l’aventure de la vie comme elle vient. Après avoir essuyé une tempête, ils accostent à Calais et poursuivent ensuite vers Paris, à dos de mule, puis dans la charrette d’un commerçant. Une fois dans la capitale, ils prennent du bon temps, s’y abreuvent de culture française puis… faute d’argent, sont contraints de retourner à Londres. Là-bas, Percy rend visite à son épouse, afin de la ponctionner de quelques subsides. Il la découvre de nouveau enceinte et ruinée. Celle-ci se suicidera d’ailleurs peu de temps après son passage. Cela ne mine guère le quotidien de Percy, qui poursuit son œuvre littéraire romantique et entretient les deux sœurs Godwin. Toutefois, Claire connait également une liaison avec le sulfureux Lord Byron… ce qui ravit Percy, qui voue au poète une admiration sans borne ! Quelques mois plus tard, Percy et Mary vont même jusqu’à s’inviter quelques temps au sein de la villa suisse de Byron, tandis qu’une terrible épidémie de peste sévit à Londres. C’est là qu’un soir, un petit concours d’écriture de nouvelles est proposé…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A travers ce diptyque désormais achevé, David Vandermeulen (au scénario) et Daniel Casanave (au dessin) proposent plus un hommage à l’œuvre romantique des Shelley (Mary et Percy) qu’une biographie authentique. Sur un ton léger, presque badin et humoristique, ils prennent en effet de grandes libertés avec la réalité historique, pour mieux mêler leur road-trip aux œuvres réelles des intéressés. Notamment, le final se mêle de culottée manière au propos du Dernier homme, roman d’anticipation moins connu que le Frankenstein qui fit la célébrité de Mary, mais tout aussi intéressant. Pour éviter toute confusion, les auteurs proposent un dossier annexe replaçant les destins réels des protagonistes dans leurs contextes. Entre temps, nous aurons participé à l’insouciante (et irresponsable) vie de bohème qui caractérisa les Shelley : leurs philosophie libertaires et leurs relations libertines, leur amour des lettres et leur utopie romanesque. Nous aurons aussi assisté au petit concours littéraire qui fut à l’origine de l’écriture de Frankenstein, par un soir d’orage, dans la villa suisse de Lord Byron. Ce dernier, que la postérité a consacré comme l’un des plus grands poètes anglais, bénéficie logiquement lui aussi d’un portrait piquant. Ainsi, bon-an-mal-an, sans avoir l’air d’y toucher, les auteurs parviennent à nous faire subtilement goûter à l’essence du romantisme. Une œuvre inclassable, mais d’une belle modernité.