parution 14 mars 2025  éditeur Le Lombard  Public ado / adulte  Mots clés Guerre

Trous de mémoires

A la mort d’un photographe mondialement connu, le maire de sa commune varoise décide de monter un projet pharaonique de musée pour réconcilier les deux France de l’après-guerre d’Algérie. Mauvaise idée. Une BD intelligente et jubilatoire.


Trous de mémoires, bd chez Le Lombard de Juncker, Laude
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

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    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Yellow Star Yellow Star Yellow Star

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  • dessin Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

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L'histoire :

Gérard Poaillat vient de mourir. Photographe de renom, il avait beaucoup photographié l’Algérie, son pays de naissance, avant de finir ses jours à Maquerol, commune provençale. Le jour de son enterrement, le Ministre de la Culture annonce la transformation de sa maison en musée, en partenariat avec l’Etat, le maire de la commune et la veuve de Poaillat. L’objectif est de créer un Mémorial de la guerre d’Algérie et de ses victimes. Quand le ministre part, le maire est fou de joie, malgré les réserves de son premier adjoint. Il sent la réussite, la gloire et l’autoroute vers un siège de député. D’autant que le ministre lui a promis des pointures pour l’accompagner. Et effectivement, quelques jours plus tard, débarquent à Maquerol Stéphanie Delbeille-Violette, historienne, agrégée, normalienne, et Jean-Claude Wollaert, plasticien reconnu dans le monde entier. Le maire est enchanté, extrêmement enthousiaste. Problèmes : Jacqueline Poaillat, la veuve, tient à garder intacte la maison, que Wolllaert veut parsemer de trous ronds. L’histoire Delbeille-Violette refuse l’idée du maire d’ajouter aux photographies historiques de Poaillat des photographies mémorielles des habitants de la commune. Le ministre impose l’idée, et Wollaert. Chez les habitants, le spectre de la guerre d’Algérie est toujours très présent, entre pro et anti-Algérie française, pieds-noirs, algériens immigrés et leurs descendants. La révolte gronde…

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Souvent, la fiction dit plus et mieux que le documentaire. C’est le cas ici, sans conteste. Alors qu’un projet de musée mémoriel sur la guerre d’Algérie porté par le défunt Georges Frêche a authentiquement suscité les passions les plus basses et violentes pendant des années à Montpellier, de 2003 à aujourd’hui, c’est dans un village fictif du Var, en Provence, que Nicolas Juncker a décidé d’imaginer son histoire. Même sociologie, mêmes haines larvées entre pieds-noirs et arabes, entre tenants de la paix et tenants de la guerre, entre colonialistes et anticolonialistes… Juncker y ajoute des personnages hauts en couleurs, hypervitaminés, qui explosent très vite et très rapidement : le maire, la veuve, l’historienne et l’architecte plasticien. Ça rebondit en permanence, l’histoire est menée tambour battant, tempérée à intervalles réguliers par les interviews des habitants de la commune menés malgré elle par l’historienne. C’est drôle, fin, bien documenté. Si Juncker se place dès l’ouverture du livre sous le haut patronage du regretté Pierre Nora, c’est un autre historien, Tramor Quemeneur, qui livre en postface la petite histoire du musée de Montpellier. Les photos de Poaillat font l’objet de beaux dessins réalistes, qui tranchent avec le trait plus léger et caricatural du récit. Les couleurs de Juliette Laude permettent de suivre les différentes facettes du récit, des interviews. Un livre réussi sur un sujet sensible.

voir la fiche officielle ISBN 9782808209991