L'histoire :
La vie est paisible dans la petite île tranquille et prospère de Coquefredouille. Pendant que les habitants s’affairent à leurs occupations quotidiennes et qu’on discute ferme sur le film en compétition qui gagnera la pâquette d’or, le roi Mitron XIII se repose enfin de sa longue journée de travail. Assis sur son lit et lisant une bande dessinée, il est heureux de souffler un peu et de sortir des affaires courantes du royaume. Malheureusement, son lit craque violemment et s’écroule avec fracas. Le roi appelle à l’aide. Puis finalement, il s’en tire sans aucun mal. Les gardes examinent le lit, mais le commissaire Bouclette est persuadé qu’il s’agit d’un simple accident : pour lui, ce sont des termites qui ont eu raison des fondations du lit de Sa Majesté. Pourtant, le roi n’en croit rien et montre un signe sur le mur, peint en rouge avec les lettres FLF. Une organisation secrète lui veut du mal ! Tout le monde est effrayé. Mais qui peut imaginer que, du plafond, un homme encapuchonné les observe et se rit de leur stupeur ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Alors que le Lombard réédite l’œuvre de Raymond Macherot en intégrale, la célèbre souris du journal Tintin fait son retour dans une histoire inédite. A la baguette, Zidrou et Godi ont la lourde tâche de faire oublier leur brillant prédécesseur. Le résultat est bluffant, tant l’album respecte à la lettre l’esprit de la série. On y retrouve tous les ingrédients inventés par Macherot : les personnages animaliers, la créativité bouillonnante, une aventure trépidante et du suspense, avec un éclaircissement final surprenant. C’est bien simple : on ne sait plus très bien qui sont les auteurs, tellement la copie est fidèle à l’original. Le pastiche est d’autant plus troublant que l’histoire joue sur les clins d’œil, avec une idée qui donne le vertige : Chlorophylle revient sur son passé avec l’adaptation de ses aventures au cinéma ! L’idée est géniale et offre des moments uniques de revivre à nouveau des grandes pages de la bande dessinée franco-belge. Ainsi, le lecteur revoit avec plaisir quelques pages célèbres de la série de Macherot et surtout, on retrouve la fameuse Némésis de Chlorophylle : le rat Anthracite, cette fois joué par un acteur, mais dont la ressemblance est plus que troublante. Cette mise en abyme n’entrave en rien le bon déroulement du récit, mais s’en nourrit comme moteur de l’intrigue. C'est aussi un hommage vibrant et émouvant envers un classique de la bande dessinée. Le suspense est aussi omniprésent et l’on est pris par cette histoire de terroristes qui veulent renverser le pouvoir. Les auteurs se paient le luxe de mêler clins d’œil à une époque artistique ancienne tout en mêlant sujets d’actualité. Le groupe dissident ressemble fort à des mouvements indépendantistes corses et le roi se retrouve dans des situations proches de nos dirigeants actuels. De plus, le monde de Chlorophylle s’étoffe avec une description fine et précise du royaume de Coquefredouilles. Cette résurrection est aussi particulièrement réussie grâce à la prestation de Godi. Le trait ressemble à s’y méprendre à la ligne claire de Macherot, dans un style agréable, fluide et rassurant. Un véritable bijou d’imitation et d’inventivité : « Comme au bon vieux temps, pas vrai Minimum ? Mais avec une touche de modernité en plus ».