L'histoire :
Au début de l'année 2002, Carmen Castillo va retourner au Chili, sur les lieux de la mort de son compagnon Miguel Enriquez, assassiné un jour d'octobre 1974. Elle vient reconstruire les détails de cet affrontement dans la rue Santa Fe, entre un groupe de révolutionnaires résistants au régime de Pinochet, et les forces armées qui étaient venues pour les emprisonner ou les éliminer. Membre de la gauche révolutionnaire, Carmen avait effectué ses premiers pas politiques au contact des militants du MIR, qui voulaient, au début des années 60, prendre le pouvoir au Chili par la force, comme Fidel Castro l'avait fait à Cuba quelques années plus tôt. Les jeunes gens passaient de longues soirées à justifier la lutte armée, organisant par ailleurs des cambriolages pour ensuite redistribuer le butin aux nécessiteux. Ils s'opposaient parfois au docteur Allende, qui était l'oncle de l'un deux, lors de conversations animées au cours desquelles le futur président élu défendait la voie légale. Son pays était prêt, disait-il, à voter pour un changement radical, une révolution pacifique. Mais dès le début de son mandat, Salvador Allende allait voir se constituer une opposition armée, qui va conduire au putsch du général Pinochet.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Maximilien Le Roy nous donne ici l'occasion de nous replonger dans l'Histoire de la très courte expérience d'un gouvernement socialiste au Chili entre 1970 et 1973. Élu démocratiquement au cœur d'une période où les Etats Unis et certaines puissances occidentales craignaient une contagion communiste en Amérique Latine, Allende deviendra très vite un symbole politique majeur pour la gauche des années 70 et 80. Le Roy décrit très bien la séquence d'événements au moment du coup d'Etat, et la répression de la première année du régime Pinochet. On apprend beaucoup de choses sur les oppositions internes entre les différents courants de la gauche chilienne avant qu'Allende soit élu et, bien entendu, sur la vie de Carmen Castillo au cœur de l'Histoire. Le récit est sans concession, gère très bien les quatre époques qu'il met en avant, les images de Loïc Locatelli étant au diapason, efficaces et sans effet inutile. Cette biographie intéressante permet de découvrir le parcours de résistance et d'exil d'une femme devenue écrivain et réalisatrice. Une plongée dans une tranche d'Histoire marquante pour la gauche d'après 1968.