L'histoire :
Plongé dans les arcanes d'une affaire de détournement de minerai de fer au détriment d'une compagnie nationale vénézuélienne, Samuel Santos est un avocat de haut vol qui s'expose pour confondre un colonel du renseignement militaire véreux lors de la remise d'une rançon. Il libère ainsi le petit-fils de son commanditaire, un riche homme d'affaires qui s'en tire sans poursuites, alors qu'il était totalement impliqué dans le trafic. Mais il perd son job au sein d'un cabinet qui n'apprécie pas son exposition. Il rejoint alors son ami Ezequiel qui gère une communauté de sans abris qui squattaient un immeuble de bureaux dont la construction ne fut jamais terminée. Il pense pouvoir aider toutes les familles qu'un arrêté d'expulsion menace désormais, mais un coup de fil bouleverse ses plans. On a en effet découvert le corps de Deus, un homme que Sam cherchait depuis des années pour de mystérieuses raisons, assassiné dans un bidonville de Guatemala City. Son propre fils est soupçonné, alors qu'il n'a que quatorze ans. Sam va se lancer dans une recherche qui fera resurgir les traces de son passé au Salvador, quatorze ans plus tôt, juste avant sa fuite vers le nord. La violence jamais éteinte d'une jeunesse violente va resurgir au contact d'un jeune garçon des gangs.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le graphisme dynamique et puissant d'Ennio Bufi frappe d'entrée de jeu, dès les premières pages de ce récit complet découpées avec virtuosité. Les silhouettes des policiers semblent sortir du cadre et le dessinateur emporte très vite le lecteur d'un décor à l'autre, presque trop vite lorsqu'on réalise la complexité du récit qu'il illustre. La scénariste Nathalie Sergeef nous propose en effet de découvrir le passé d'un jeune avocat courageux, sur fond de gangs dans les rues de Caracas, de Salvador ou de Guatemala City. Il faut un peu de temps pour réaliser où se trouve le cœur du récit, alors que deux intrigues semblent pouvoir démarrer... mais vont très vite disparaître au profit du plongeon de Sam vers la vérité qu'il cherche à établir. C'est probablement ce début en trompe l’œil, a priori involontaire, qui désarçonne dans un premier temps, mais il a toutefois le mérite de construire la personnalité de Sam. Avant que son côté sombre n'apparaisse et que l'album prenne toute sa densité, au point de regretter qu'il ne s'épanouisse pas un peu au-delà de ces 80 pages visuellement épatantes.