L'histoire :
1941 : la France est coupée en deux. La moitié sud-est vit sous le régime de Vichy. A Paris, les habitants vivent donc l’occupation allemande. Au sein de la famille juive Rayman, les jeunes Simon et Marcel sont souvent en colère contre la situation. Alors qu’ils vont à la piscine, ils n’hésitent à taguer une affiche pro-allemande. Pendant qu’ils nagent, les deux hommes discutent sur le destin de la France. Pour eux, seule l’URSS et le communisme peuvent libérer le pays. Staline est le seul à pouvoir lutter contre Hitler. La famille Rayman se réunit souvent pour manger réunie. Beaucoup s’inquiètent du traitement réservé aux Juifs. En effet, les porteurs de l’étoile jaune perdent de plus en plus leurs droits et beaucoup de métiers leur sont interdits. Pourtant, Maurice, le père, reste confiant, persuadé que la France est la même terre d’accueil pour le respect des droits de l’homme. Dans le même temps, Marcel et Simon multiplient les petits actes de résistance : ils écrivent un chant révolutionnaire et distribuent des tracts secrètement. Les rafles se multiplient. Un jour, la police française rend visite à la famille. Maurice est arrêté en plein repas. Marcel le voit partir et déchire une affiche où Pétain promet de protéger les Français. Désormais, il est déterminé à se battre contre l’occupant et à saborder le moral des Allemands...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
« L’Affiche Rouge » est un événement célèbre de la résistance française. Sous l'occupation, un groupe de 23 résistants communistes a multiplié les attentats contre les Allemands, de 1942 à 1943. L’aventure a mal fini puisque le groupe a été démantelé et arrêté. Les Allemands ont exécuté les « terroristes » au Mont Valerian et ont créé la fameuse Affiche Rouge pour humilier les résistants en les traitant d’assassins. Cette incroyable page de la résistance méritait bien une adaptation en BD, ici par l’expérimenté Laurent Galandon. Sur un opus assez court, il fallait faire des choix et le scénariste a décidé d’explorer la vie d’un de ses membres illustres : Marcel Rayman. Tout jeune homme, Rayman multiplie les coups d’éclats contre le nazisme. Il rentre très vite dans le groupe des FTP-MOI (Francs-Tireurs et Partisans – Main d’Œuvre Immigrée) et commet des attentats destinés à terroriser l’Allemagne : explosion de trains ou de bus, exécutions d’officiers allemands… Les résistants dirigés par Missak Manouchian se distinguent par leur engagement violent et leur courage. L’album retrace donc la vie de Rayman et explique ses motivations profondes: la haine du « boche » grandit en lui quand il voit sa famille décimée à mesure des arrestations. Le récit montre le quotidien angoissant des juifs persécutés par la police française et restitue bien cette peur sourde qui règne dans la famille. Galandon retrace ensuite fidèlement les actes du groupe Manouchian, comme l’attentat manqué sur un bus, puis l’exécution du général Julius Ritter. L’album revient ensuite sur l’arrestation du groupe et le célèbre épisode de l’Affiche Rouge. La fin est particulièrement poignante où l'on trouve des extraits de la dernière lettre de Marcel peu avant son exécution. L’ensemble est donc assez honnête, mais manque tout de même de détails. Les dialogues sont brefs et certaines planches littéralement vides de textes. L’œuvre semble être beaucoup plus un témoignage de la douleur de l’occupation et de la condition des Juifs qu’une description de la Résistance. Galandon passe rapidement sur la création du groupe, survole les circonstances des attentats et aborde mal la figure marquante de Manouchian. Pourtant, certains éléments sont intéressants, comme les nombreuses affiches de propagande qui parsèment le récit, la pleine page qui rend hommage aux acteurs du groupe peu avant leur mort ou l’hypothèse de la trahison de Lucienne qui expliquerait les informations que détenait la police française. D'un autre côté, on reste frustré du manque d’informations sur l’organisation de ces résistants qui étaient prêts à toutes les extrémités. La figure de Marcel Rayman est toutefois touchante, même si la peinture du personnage manque de profondeur. Le dessin de Jeanne Puchol est de bonne facture et s’applique à représenter fidèlement les visages des protagonistes. Or là aussi, cela manque de détails, les décors sont souvent réduits à peau de chagrin. Une bonne initiative pour faire découvrir une des pages marquantes de la Résistance française, mais l’album semble par trop minimaliste pour aborder un tel sujet.