L'histoire :
Thomas Mauceri a longtemps préparé les mots qu’il dirait à Gil Scott-Heron lors de leur première rencontre. Cette légende de la musique américaine, auteur culte de polars et de poésies, était devenu très méfiant à la fin de sa vie. Son addiction au crack et ses multiples séjours en prison l’avaient progressivement coupé de ses proches et plus encore de ceux qu’il ne connaissait pas. En ce 27 mai 2011, date de leur premier rendez-vous, ça fait déjà 3 ans que Thomas tente de convaincre le chanteur de participer à un documentaire retraçant sa carrière. Triste ironie du sort, quelques heures avant leur rendez-vous, celui qu’on surnomme « le parrain du rap » meurt à l’hôpital Saint Luke.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Thomas Mauceri a grandi avec la culture afro-américaine. Il a notamment suivi une partie de ses études dans le New-Hampshire pour la découvrir davantage. Pas de bol, c’est l’un des états américains avec une majorité de population blanche... Devenu réalisateur, il a, durant plusieurs années, tenté de faire un documentaire sur une de ses idoles, l’auteur et interprète de The bottle, Gil Scott-Heron. Là encore, il a joué de malchance car toutes les opportunités qu’il a pu avoir pour rencontrer le chanteur sont tombées à l’eau. Malgré quelques titres décortiqués, cet album n’est ni une discographie, ni une biographie détaillées de Gil Scott-Heron. Au-delà des rendez-vous manqués, des multiples galères qu’a connues Thomas Mauceri pour tenter de réaliser son documentaire, l’auteur évoque son vécu et sa représentation des USA (racisme d’une partie de la population), ainsi que des moments historiques qui ont marqué l’histoire du pays (11 septembre, élection de Bush, d’Obama, de Trump, etc.). Cette approche quasi « sociopolitique » est mise en perspective avec l’œuvre de Gil Scott-Heron qui témoigne de son époque et de la place de la population noire aux USA. Le dessin de Seb Piquet est instinctif, jeté et restitue avec justesse l’ambiance des années 70 ou encore certains quartiers noirs de villes américaines. Un bel hommage posthume qui permet de mettre la lumière sur un auteur assez peu connu du grand-public européen et qui vous donnera envie d’écouter quelques uns de ses titres.