L'histoire :
L’activité humaine et sa propension à polluer sans scrupule sont en train de modifier le climat terrestre à un rythme qui surpasse tous les cycles naturels de notre planète. Les températures augmentent sous toutes les latitudes, la banquise fond, le niveau des océans monte, la biodiversité décline à une vitesse alarmante, l’accès à l’eau potable se restreint, les particules de plastique se retrouvent un peu partout dans des quantités astronomiques… Mais nous continuons à rouler au pétrole, à gaspiller, à polluer, à bouffer de la viande, à construire des centrales nucléaires sans aucune solution de sortie, à nous conforter dans des cycles mondialisés de production et de consommation, à générer des marées noires. La menace est chaque année plus forte. Le problème, c’est qu’on n’a qu’une seule planète habitable, dans le coin. Il semble que nous soyons foutus et que nous soyons incapables d’endiguer le phénomène. Tant qu’on est encore en vie, rions-en avec cynisme et Pierre Kroll…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dessinateur de presse au plat pays, Pierre Kroll est un peu à la Belgique ce que Plantu est à la France : un illustrateur d’humour vache incontournable. Assurément, l’un des plus percutants et inspirés de la planète. Son trait est certes issu de l’école quick-drawing (façon Reiser, Marion Montaigne…), il n’en demeure pas moins fortement évocateur et efficace. En tout cas parfaitement adapté au sujet de l’écologie : voici réunis en un petit recueil quelques 300 dessins publiés depuis les années 1980, qui ont tous pour point commun l’écologie et l’environnement. Car l’alerte sur le grave réchauffement climatique qui se produit actuellement n’est pas nouvelle : le premier homme politique à en causer publiquement s’appelait René Dumont et il était candidat à la présidentielle française de 1974 ! Même s’il s’en défend en préface, Kroll cherche tout autant à alarmer qu’à faire rire (jaune) à travers ses dessins. Soit une manière polie de transmettre l’idée saine d’une révolution des consciences, sans céder au catastrophisme nihiliste et improductif. Dans son autre préface, le français Guillaume Meurice (qui apprécie décidément les belges), lui aussi humoriste et authentique écolo (végétarien), rend hommage au génie comique qui consiste à savoir faire rire avec sans doute le sujet le plus tragique de l’humanité. Et donc à interpeler sur notre aveuglement volontaire et notre décadence programmée. On ressort de là un peu plus déprimé qu’on ne l’était en entrant… et espérons-le, peut-être un chouya plus mobilisé.