L'histoire :
Contrairement à nombre d’entre nous, Pauline entretient une relation apaisée avec les hôpitaux. A l’âge de 19 ans, alors qu’elle se retrouve du jour au lendemain victime de violentes crises d’angoisse, elle ne parvient à trouver refuge que dans ces espaces de soin. La trentaine passée, elle décide, en collaboration avec Camille Fournier, pédopsychiatre à Sainte-Barbe et amie de longue date, d’animer un atelier BD dans son service, et d’en faire la matière d’un reportage graphique. Au contact de ces ados aussi similaires aux autres que singulièrement souffrants, elle replonge dans ses propres souvenirs de « mutante ».
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A Angoulême, en 2016, à deux pas de l’exposition Morris, on pouvait pénétrer un étrange espace où walkmans rayés, agendas surencrés ou lettres chargées de cœur se retrouvaient sous vitres, sous l’œil vitreux d’un homard géant. Lauréate du prix 2016 « Les jeunes talents s’exposent », Pauline Aubry avaient déterré ses trésors enfouis pour l’occasion, en écho aux planches affichées aux murs de cet antre de l’adolescence. La jeune auteure s’est en effet attachée, pour son projet de fin d’étude de l’école CESAN, qui a ensuite navigué de la revue XXI à ce livre édité aux Arènes, à rendre hommage à la période la plus ingrate de sa/nos vie(s). Entre le récit de l’atelier qu’elle a mené à Sainte-Barbe, ses propres souvenirs et les paroles d’experts, elle en décrypte les grands mécanismes, en portant sur leurs acteurs un regard aussi tendre que moqueur. Si les comportements, mots, attitudes sont observés au plus près de leur réel pour en tirer la substantifique caricature, il s’agit avant tout d’en comprendre les rouages. Les souffrances, tumultes, fractures, sont passés au scanner, au cours d’une étude ordonnée de leurs causes physiques, psychiques ou sociales. Les dessins simples, didactiques, les portraits légèrement outrés, participent ainsi à la justesse de ce reportage graphique, ainsi qu’à sa jovialité.