L'histoire :
Cece a quatre ans lorsqu’une méningite la plonge dans un monde de silence. Seul un appareil auditif composé d’écouteurs et d’un boitier suspendu à son cou lui donne à nouveau la possibilité d’entendre les bruits de la vie. Mais les sons restent toujours bien confus, le Coca Light devient « coq à l’ail », les gens ont l’air de parler une autre langue… Et ces fils qui sortent de ses oreilles… Elle comprend bien vite qu’elle n’est dès lors plus « comme tout le monde ». Et ses angoisses de petite fille terrifiée par le regard des autres s’invitent bien malgré elle. Mais grâce à son nouvel appareil auditif « tout neuf, superpuissant », le phonic ear, elle s’imagine entrer dans la peau d’un personnage aux superpouvoirs et fait de sa différence une force. Ainsi nait « Super Sourde » !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Personnages-lapins, ton enfantin, couleurs et une mise en scène évoquant les dessins animés du goûter : aucune ambiguïté n’est laissée sur le public auquel s’adresse ce livre. Peu étonnant pour cette première bande dessinée – autobiographique – de l’illustratrice jeunesse américaine Cece Bell. Cependant, le sujet reste suffisamment rare dans la littérature pour susciter l’intérêt d’adultes. La première partie se consacre aux difficultés de communication de cette petite fille subitement atteinte de surdité, et fait œuvre de document explicatif, au ton joyeusement distancié. Quels aménagements, quels apprentissages, quels obstacles a-t-elle vécus dans son enfance des années 70, dont certains perdurent à notre époque ? La lecture labiale ou l’absence de connaissance d’une société sur cette distinction n’en sont que des exemples. La postface de l’auteur prend cependant bien garde à signifier la diversité des expériences traversées par les sourds, ainsi que de leur positionnement social. Le livre s’attarde ensuite sur les relations de découvertes, d’exigences, d’incompréhension que Cécé entretient avec ses amies. Elle y narre notamment ses difficultés à énoncer ce qui lui est pénible, générant chez elle colères, agressivités ou repli. Au final, le récit glisse malheureusement vers une mièvrerie relativement lassante, qui avait pourtant été évitée jusque là, au profit d’une distance psychologique et humoristique nourrissante.