L'histoire :
Sur une falaise de l’île de Crête, en 1653, des gamins chahutent. Andréas a perdu à un jeu, et son gage est de devoir sauter dans la mer. Mais le gamin hésite, la hauteur est vraiment vertigineuse. Le jeune Omar prend sa défense, disant qu’aucun d’entre eux n’aurait le courage de sauter d’aussi haut. Mais la règle, c’est la règle : Andréas doit sauter. Alors Omar négocie que tout le monde saute pour prouver son courage. Et il montre l’exemple en sautant en premier, en compagnie d’Andréas. Dingue ! Les autres n’y croyaient pas ! Et ils se défilent, car ils ont trop la pétoche pour sauter. Or, tandis qu’ils sont sous l’eau, Omar repère l’épave d’un vieux galion échoué sur le fond. Quelques jours plus tard, lui et Andréas, qui viennent de sceller une belle amitié, retournent donc faire un peu d’apnée dans le coin, afin d’explorer l’embarcation. Le squelette d’un homme est ligoté au mât, coiffé d’une tiare antique. Omar s’en saisit et remonte sa relique à la surface. Il joue à se faire peur avec Andréas et fait choir la tiare. En touchant le sol, celle-ci dévoile une cachette secrète à son sommet, dans laquelle était dissimulée une carte au trésor ! Omar déchire la carte en deux, une moitié pour chacun d’eux. Ainsi, il leur faudra être réunis, le jour où ils voudront trouver le trésor ! Quelques secondes plus tard, une attaque de pirates turcs allait les séparer pour un quart de siècle…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le titre, le dessin de couverture et les premières planches laissent tout d’abord croire à un récit d’aventures. Nous sommes en Crête, en 1653, et deux jeunes héros viennent de dénicher par hasard une très excitante carte au trésor, sur une tiare immergée, portée par un squelette, avant d’être attaqués par des pirates. Voilà pour le premier tiers de ce one-shot, édité chez la nouvelle maison d’édition « Les aventuriers de l’étrange » (encore une promesse d’aventure !). Et puis l’auteur complet espagnol Pedro Rodriguez révèle dans les deux tiers suivants une orientation plus symbolique, qui confine au registre des contes. Où il est question de la valeur de l’amitié scellée dans l’enfance, face à une cupidité forgée par les années. Son inspiration est originale et riche de sens, et sa narration fait montre d’une belle maturité. Dommage qu’il ait choisi une technique graphique moderne, proche du rough (le trait brouillon, rapide, en hachures) pour développer l’ensemble, complété par une colorisation souvent monochrome. On sent là aussi toute la maîtrise d’une griffe propre et stylisée – qu’on a déjà pu apprécier précédemment chez Glénat avec Les aventures du jeune Jules Verne et Emmanuel Proust avec Macabre. Evidemment, un trait plus peaufiné et une palette plus large de couleurs auraient pris plus de temps, et le résultat ne retire rien à un joli savoir-faire pour le découpage et la mise en scène.