L'histoire :
Michel a perdu son père dans des circonstances particulières : il a été assassiné par le frère de sa femme de ménage, avec laquelle il entretenait une relation intime. Fonctionnaire au Ministère de la Culture, Michel a bénéficié d’un congé de 3 jours pour la circonstance. Pourtant, ses collègues lui conseillent de prendre un peu de temps. Docile, mais surtout parce qu’il ne prend aucun plaisir dans ce qu’il fait, Michel décide un 23 décembre de laisser de côté sa purée mousseline quotidienne et ses 123 chaines de télévision : il s’envole pour un circuit « Tropic Thaï» à 1449 euros. Quelques heures plus tard, il se retrouve à Bangkok en Thaïlande avec un groupe de touristes au sein desquels il a du mal à s’intégrer. Arrivé à l’hôtel, il se tape un cocktail de paracétamol avant d’aller se coucher : le lendemain il doit se lever de bonne heure pour entamer sa première excursion. A cette occasion, il fera la connaissance de Valérie dont il apprécie immédiatement la voix douce mais surtout dont la bouche pulpeuse lui fait un terrible effet. De retour à l’hôtel, il n’aura qu’une envie : baiser…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour la première fois, et sous l’impulsion d’Alain Dual, un roman de Michel Houellebecq trouve un subtil prolongement en bande dessinée. Pour l’adaptation de sa Plateforme, l’écrivain a même largement mis la main à la pâte, s’amusant à reprendre certains dialogues et prenant un réel plaisir à vouloir améliorer la version originale. Le voilà en tout cas qui nous laisse entre les mains de son homonyme, Michel, petit quarantenaire sans envergure et totalement désabusé. Le bonheur semble lui être une vague idée ou plutôt une théorie qui se cogne au mur d’une vie triste à en crever. Il y a néanmoins le sexe, bientôt la Thaïlande et surtout Valérie. Histoire d’amour rédemptrice, tourisme sexuel porté au sommet de l’anti-hypocrisie, ou loupe cynique sur le fonctionnement de nos sociétés (option misérabilisme de la nature humaine), le récit chatouille, provoque gentiment. Mais surtout, sous la croûte, il livre une variation moderne et brutale du sentiment de bonheur, dépressive à souhait, mais particulièrement juste et touchante. Au-delà, les 140 pages se dévorent d’une traite, confiées à la percussion froide et tranchante d’une narration en voix off et d’un dessin à la sobriété sans fioriture. Pour qui en a déjà lu, en tout cas, l’adaptation est d’une impeccable fidélité. Pour qui découvre Houellebecq, l’exercice donne très envie d’aller se balader dans l’univers d’un auteur qui ne laisse jamais indifférent...