L'histoire :
En décembre 1972, une dizaine de militaires portugais sont déposés en hélico dans une zone de jungle de Guinée. Ce pays d’Afrique est alors en pleine guerre de décolonisation. Sous les ordres du sergent Dos Santos, la mission de reconnaissance de Tondela, Loto, Fatima, Stinky, Gipsy, Pedroso, du guide Sanhà, du doc Agostinho et de Machado est quelque peu mystérieuse. Certains sont des « bleus-bites », d’autres sont nettement plus endurcis… mais tous ont conscience qu’ils sont là pour en baver. A pied, à travers la moiteur de la jungle, ils apprennent à se connaître. Ils découvrent aussi l’hostilité de la zone, en croisant des têtes coupées de camarades plantés sur des piques. Puis lorsque le crane de Pedroso se retrouve transpercé par le tir d’un sniper embusqué. Ou encore lorsque Loto, leur radio, pourtant réputé chanceux, saute sur une mine et se désintègre littéralement. Paradoxalement, le médecin du groupe est psychologiquement le plus atteint par ces évènements. Ils apprennent alors que leur mission ne doit sans doute pas être tout à fait officielle car ils ont passé la frontière du Sénégal ! Ils sont à la recherche d’un centre d’entrainement secret et bien caché, qu’il s’agit de bombarder. Le problème, c’est que désormais sans radio, ils vont avoir du mal à transmettre les coordonnées du site…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un commando de militaires en perdition dans une jungle hostile, décimés par un ennemi peu visible, est un vieux classique du récit d’horreur guerrier. Au cinoche, on pense à Voyage au bout de l’enfer ou Apocalypse now, en passant par Cannibal holocaust. En BD, on se rappelle plutôt de Black sands, chez Rue de Sèvres, mais avec des zombies aux fesses. Ici, malgré le mot explicite de « vampires » dans le titre, on ignore longtemps la nature de l’ennemi (des rebelles ? des sauvages ? des monstres ?). En l’occurrence, cet ennemi n’a pas grand-chose à voir avec le cliché romantique des suceurs de sang des Carpathes. Le scénariste portugais Filipe Melo s’est avant tout inspiré d’une chanson (Os vampiros) de Zeca Afonso, icone de la révolution des œillets (1974), mais qui dénonce plus l’oppression du capitalisme que le contexte belliqueux dont il est ici question, c’est-à-dire la guerre larvée d’indépendance en Guinée-Bissau (portugaise). Malgré le dossier final, l’œuvre ne se veut d’ailleurs absolument pas historique : elle cherche avant tout à installer l’effroi d’un ennemi diabolique et invisible, qui décime un à un tous les membres de l’expédition. Au gré des discussions et des coups durs, on découvre les personnalités de chacun, les vieux démons et les failles tragiques… Jusqu’à ce qu’il n’en reste que deux, dont celui qui sert de personnage central, victime d’un traumatisme sévère qui le rend tout du long énigmatique. Découpé en trois chapitres qui vont crescendo, la mise en scène cinématographique est très prenante à travers le dessin semi-réaliste et expressif de Juan Cavia. Dans la jungle, personne ne vous entendra crier, donc ayez peur, ayez très peur…