L'histoire :
Le 10 février 1912, vers 20h30, une fillette passe avec sa maman dans une rue de Barcelone. Profitant que la mère discute avec une connaissance, une dame propose des bonbons à la fillette et… l’enlève discrètement dans un sac. Deux semaines plus tard, les parents sont éplorés car la police ne parvient pas à la moindre piste. Il faut attendre le 26 février pour qu’une ménagère repère une curieuse fillette au crâne rasé par la fenêtre d’un immeuble, et fasse aussitôt un signalement. Deux policiers observent discrètement à la jumelle ce qui se passe dans cet appartement, depuis l’immeuble d’en face. Et le lendemain, ils interpellent Enriqueta Marti au lavoir, pour un prétexte qui l’oblige à leur ouvrir la porte de son logement. Ils libèrent alors deux fillettes, Teresita et Angelita, qui étaient sous la coupe de celle que la presse surnommera bientôt la « vampire de Barcelone ». L’inspecteur de Prat doit désormais comprendre pourquoi cette femme kidnappait et parfois tuait les enfants. Mme Marti est très renfermée et n’avoue rien. Il semble pourtant qu’elle bénéficie de puissantes protections. L’ex-mari de cette sombre bonne femme se présente de lui-même et… se retrouve immédiatement derrière les barreaux. Lors d’une première confrontation devant un tribunal, elle affirme s’être comportée en bonne chrétienne avec les fillettes, pour leur donner à manger…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Toutes époques et toutes sociétés ont leurs détraqué(e)s capables de manipuler et maltraiter des enfants pour assouvir les pulsions (sexuelles ? morbides ?) d’autres puissants déséquilibrés. Récemment en France, on se rappelle l’affaire d’Outreau, l’affaire Krombach, l’affaire Fiona… Et bien, à Barcelone, à l’époque du naufrage du Titanic, il y avait ainsi eu l’affaire Enriqueta Marti. Prostituée, mendiante et intrigante, cette satanée femme servit vraisemblablement de pourvoyeuse d’enfants pour des gens très importants de Barcelone… En tout cas suffisamment importants pour que l’affaire soit étouffée, Enriqueta lynchée en prison et toute chaîne de coupables empêchée. Il est impossible d’établir un décompte de ses victimes (plusieurs dizaines ?), mais elle fut sans doute la tueuse en série la plus meurtrière d’Espagne, étant donné qu’elle a sévi 20 ans durant. Le récit BD narré par Miguel Angel Parra et Ivan Ledesma a le mérite de faire œuvre de Mémoire sur cette affaire, de pointer justement le nœud du scandale et d’éviter les interprétations. Malgré le joli dessin encré de Jandro Gonzalez, il se perd cependant un peu en circonvolutions narratives, reste souvent factuel et ne parvient pas à rendre l’inspecteur de Prat, le policier « héros », tout à fait attachant.