L'histoire :
Mai 1063, la lutte entre musulmans et chrétiens fait rage. Parfois, ces derniers s’allient aux mahométans pour combattre d’autres chrétiens. Ce fut le cas à la bataille de Graus où les catalans de l’infant Sancho s’allièrent avec le roi de Saragosse pour vaincre Ramiro 1er. Assassiné peu avant la bataille, le roi d’Aragon aurait été victime d’un complot de son neveu Don Sancho. C’est justement ce dont parlent deux messagers de Ferdinand 1er, porteurs d’un message destiné à Don Sancho. Bientôt, Gustios et Rodrigo arrivent à une auberge tenue par un Maure surnommé burette, parce qu’il est gras et huileux. Après une nuit passée chez ce sirupeux hypocrite, les deux compagnons de route la reprennent en laissant à burette ces soi-disant courriers rapides. Il a beau maudire la Castille dans leur dos, elle ne cessera de croître et de finalement submerger l’ensemble des royaumes musulmans. En chemin pour Saragosse, les compères repèrent dans les airs le faucon de Sancho, Adur. Ils en déduisent qu’il est tout proche, en effet. La missive de Ferdinand le convoque aux funérailles de Saint Isidore, dont le corps a été rendu par les Maures. Le lendemain, à l’aube, les castillans lèvent le camp. Pour rompre avec la monotonie du voyage, Rodrigo propose de chasser un peu. Don Sancho trouve l’idée très bonne, mais la partie de chasse va prendre une tournure plus périlleuse que prévue…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après Manos Kelly, Le Cid est la nouvelle intégrale de feu Antonio Hernandez Palacios. Réalisés entre 1974 et 1980, les quatre albums consacrés aux aventures du Cid sont pour la première fois réunis en français – puisque les deux derniers épisodes n’avaient jamais été traduits. Avec son talent d’un autre temps, Antonio Hernandez Palacios nous emporte à l’époque de la Reconquista espagnole sur les prises des musulmans. Une palette flamboyante composée de couleurs saturées, des détails à foison, une précision documentaire hors norme, c’est un travail de longue haleine qui a conduit à cette fresque aboutie sur une époque où l’Europe était convoitée, au même titre qu’elle convoiterait bientôt de futurs territoires au nom de Dieu, au rythme que permettrait le progrès des transports terrestres et maritimes. Le Cid est aussi l’apogée de la carrière de AHP où toute son expérience magnifie une œuvre ambitieuse. Celle-ci cherche aussi à dorer le blason du 9ème art en Espagne, en offrant un point de vue nouveau et néanmoins scrupuleusement documenté. Bien sûr, le trait appartient à un temps où l’attirail graphique se résumait aux crayons, pastels et pinceaux. C’est aussi ce qui fait le charme de cette intégrale dotée d’une belle documentation, qui présente dans le détail le travail fantastique de l’auteur. C’est autant un livre d’histoire qu’une BD prenante, une manière de se cultiver grâce à un récit où l’on ne s’ennuie pas. Les combats sont violents, les complots sans pitié… C’est rude et ça pue, mais c’était la vie à cette époque !