L'histoire :
Un écrivain, Etienne Hauterue, a été convoqué dans un château des Carpates. Son objectif : divertir le prince des ténèbres, le prince de l’ennui, le comte Dracula himself. Dracula explique au jeune homme que les plus grands conteurs de leur temps – Jules Verne, Théophile Gauthier, Stevenson, Edgar Poe, etc. – ont signé un pacte avec lui. Ils ont réussi à l’amuser, et ont gagné la postérité. C’est ce que Dracula propose à Hauterue : l’immortalité. Littéraire s’il le divertit, tout court s’il échoue… Hauterue raconte alors l’histoire extraordinaire de son périple, qu’il a intitulé « Itinérêve d’un gentilhomme d’infortune ». En effet, le jeune homme s’est embarqué dans un voyage sur les terres celtiques après un débat avec sa fiancée. La question était de savoir si ce sont les voyages qui créent les aventuriers ou les aventuriers qui créent les aventures, par leurs voyages. Arrivé au Royaume Uni, Etienne retrouve ses amis Peter Foster, puis Georges Bailey, avec qui il va randonner dans des contrées pleines de magies. Il va marcher sur les pas des plus grands conteurs, de Lewis Carrol à Conan Doyle, en passant par Béatrix Potter. Mais son voyage est placé sous le signe de la terreur, puisque les mystères de la bête du Mordor et de l’assassin de Whitechapel pèsent sur une ambiance propice…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les éditions du Long Bec rééditent en un seul objet, grand et majestueux, l’intégrale de cet « Itinérêve d’un gentilhomme d’infortune » paru en trois tomes il y’a plus de 15 ans chez leur collègue du Cycliste, qui a arrêté ses activités en 2009. Stéphane Heurteau s’était alors lancé dans un projet un peu fou, une espèce de bible onirique mélangeant les mythes celtes et les grandes figures de la littérature dans un récit inventé par un écrivain, pour sa propre survie. On croise alors Conan Doyle, Lewis Carroll, Béatrix Potter, elle en chair et en os, et bien entendu Mary Shelley et Bram Stocker. C’est d’ailleurs le héros du Dracula de Bram Stocker, Jonathan Harker, ainsi que sa fiancée Mina, qui « entremettent » le héros avec le comte… Ce récit de fiction croise un certain nombre d’autres récits et le lecteur se fait un plaisir d’aller les chercher au détour d’un nom, d’un lieu ou d’un dessin… C’est fou, c’est fouillis et il faut vraiment prendre le temps de lire cette œuvre qui ne maîtrise pas toujours une narration fluide, mais qui est un hymne au rêve et aux conteurs d’histoires… Stéphane Heurteau, qui a retravaillé des séquences et intégré des passages entiers, nous gratifie aussi d’un carnet de voyage, un carnet de croquis à la fin de l’opus. Son trait est réellement enchanteur et ses aquarelles, bicolores, donnent des ambiances différences à ses saynètes. Le tout est beau, complètement dingue et dur à suivre, mais tellement inventif et stimulant pour le lecteur, qu’il serait bête de s’en priver…