L'histoire :
Antoine est adjoint administratif au sein d’un commissariat de police – en gros, il fait les cafés et les photocopies. Ce jour-là, il assiste à une discussion musclée entre son supérieur hiérarchique, le capitaine Julien Guichard, et un odieux agent d’assurance, Aymeric Lemasson, au sujet de l’arrestation d’un voleur de bijoux appelé Baptiste Peyrac. En effet, ce voleur est devenu mythique car insaisissable, polymorphe, communiquant et généreux : il redistribue aux pauvres les gains de ses butins. Pour nouvelle preuve : ce sont trois suspects qui ont été arrêtés et qui peuvent tous trois potentiellement être Baptiste Peyrac ! Un homme et deux femmes ont en effet été coincés alors qu’ils tentaient de s’enfuir d’un coffre blindé, dans lequel se trouve le Pink Rudolf, un diamant rose d’une valeur inestimable. Or, durant leurs interrogatoires séparés, ils disent chacun qu’ils sont Baptiste Peyrac et ils s’emploient consciencieusement à brouiller les pistes en avouant des versions contradictoires. L’enquête s’annonce d’autant plus ardue que l’opinion publique s’y intéresse. Il s’agirait du 24ème forfait du cambrioleur, pour lequel il laisse à chaque fois une pièce de puzzle, et de son premier « raté ». Les policiers et Lemasson tentent de comprendre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme l’indique plus ou moins son titre, Puzzler se présente comme un polar-puzzle. C’est-à-dire avec des morceaux d’une enquête à recomposer, au fil de fausses pistes et d’indices savamment mélangés. Pour composer l’équation centrale, il y a un forfait invraisemblable (le vol du Pink Rudolf, un diamant rose de fiction), un triple coupable (lequel des trois est le fameux Baptiste Peyrac ?) et des policiers et enquêteurs eux-mêmes dotés de caractères et d’agissements trop étranges / poussés pour être totalement innocents. De fait, qui est Baptiste Peyrac ? Comment a-t-il procédé ? Pourquoi agit-il ainsi ? Le scénariste Fabrice Linck entremêle très savamment les fils de l’affaire, privilégiant les caractères alambiqués des protagonistes et les innombrables fausses pistes, à une psychologie de personnages crédible. La narration entremêle les flashbacks relatés par les suspects, dont certains ne sont que des versions-bidons, et chaque séquence semble pouvoir cibler un coupable potentiel. Pour un amateur de polar, il est tout de même assez amusant de se perdre au fil de ce récit puzzle, qui porte bien son titre, malgré son aspect ultimement rocambolesque. D’autant que le dessin semi-réaliste du belge David Soyeur, pour qui il s’agit de la toute première BD, est déjà bien au point, appliqué et besogné pour un rendu optimal des ambiances et des scènes d’action.