L'histoire :
Camille, une jeune architecte, achète un croissant au beurre dans une pâtisserie. Elle en profite pour régler la (lourde) note de son mec, avant de repasser à leur appart, où elle a oublié une clé USB. Elle surprend alors à travers la porte sa conversation avec son amante : il veut larguer son cageot. Scandalisée, Camille débarque dans la chambre pour lui annoncer qu’il peut aller se faire entretenir ailleurs. Les jours qui suivent, elle est totalement paumée. Pour se redonner confiance, elle enfile quelques fringues sexy et se balade ainsi en ville… ou elle est forcément harcelée par des zonards. Elle prend conscience qu’elle est sans doute une fille trop « sage », qui n’a jamais fait de vagues. Elle annonce alors à son meilleur pote, Yann, qu’elle a décidé de se dégénérer un peu : elle va devenir stripteaseuse dans un night-club. Elle débarque à son premier rendez-vous toute timide… avec une heure de retard. La manager accepte tout de même de la recevoir. Elle lui demande de se déshabiller et lui accorde sa première chance le samedi soir. Elle doit aussi se trouver un nom de scène… Camille choisit « Elise ». Jessica, une autre stripteaseuse lui explique alors les règles : au pole-dance (avec la barre), on finit seins nus, mais on ne retire jamais le bas. Au lap dance (dans un salon privé), on montre son petit minou, mais on ne doit jamais céder au contact physique…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cet album nous parle bien du Strip-tease dans le sens le plus commun de sa définition : des femmes se déshabillent progressivement en dansant lascivement pour exciter les hommes. Mais n’espérez aucunement trouver à l’intérieur le sous-entendu érotique du titre : il ne s’agit pas d’une BD porno comme il en fleurit beaucoup chez les éditeurs spécialisés. Ici, pour son premier album, Emma Subiaco partage, sous la forme d’un roman graphique légèrement humoristique, son expérience de femme qui s’est réellement adonnée à la pratique, à une époque de sa vie, pour financer ses études. A travers l’alter-ego imaginaire et fantasmé de Camille/Elise, elle relate l’origine de sa démarche, son approche timide de ce milieu interlope, les règles et les procédés de l’exercice, sa relation avec les autres filles, les videurs, les clients… Et cette approche féminine est bien plus proche de la chronique sociale, ou du témoignage d’entomologiste, que de la triviale BD de cul. En outre, son dessin stylisé aux traits épais et charbonneux ne fait rien pour chatouiller le bas-ventre de la gente masculine. Cela reste toujours lisible, même si souvent approximatif dans la finition… Au final, cette immersion sensible permet de se faire une idée fascinante et débarrassée de tous fantasmes et préjugés sur un milieu que peu de lecteurs et lectrices seront un jour amenés à côtoyer.