L'histoire :
Mars, 1855. Au marché de Canton, la jolie Mei Ju rencontre son amie Lan qui se désespère de voir son mari dépenser tout leur argent dans les fumeries d’opium. A la demande de son amie, Mei Ju va chercher l’homme pour lui faire la morale et tenter de le faire rentrer chez lui : après tout, il devrait avoir honte de devenir une loque en fumant l’opium que les étrangers font venir des Indes. Seulement, l’homme refuse d’obtempérer, d’autant qu’il accepte mal que Mei Ju lui donne des leçons alors qu’elle-même est au service de nobles anglais. La jeune femme est en effet gouvernante chez une riche famille où elle s’occupe de faire le service et de jouer avec les enfants. Cependant, personne ne se doute que Mei Ju est en fait une espionne : ayant eu 10 ans le jour de la défaite de Nankin, elle et sa sœur jumelle ont dû subir un entrainement spartiate...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Auteur de Mon fiancé chinois, Laure Garancher nous fait voyager une fois de plus en Chine, cette fois au cœur du XIXème siècle, et plus particulièrement entre les deux guerres de l’opium. Ainsi, on y suit le destin de deux sœurs jumelles : leur père étant outré par l’humiliation subie par son pays à Nankin, il décide de leur faire suivre un entraînement spartiate pour en en faire des espionnes. La dimension géopolitique et historique du récit confère à celui-ci un caractère évidement intéressant et lève le voile sur une partie de l’histoire pas forcément très connue dans notre pays. Néanmoins, les faits historiques ne sont pas vraiment mis en avant et ces passages-là ne sont pas forcément les plus réussis. En fait, ce sont surtout les destins des deux sœurs qui nous intéressent car leur histoire respective dévoile deux aspect différents de la Chine (la ville et la montagne, ceux qui se battent contre les anglais et ceux qui ignorent tout de la situation, la modernité et les traditions...) et offrent deux portraits de femmes qui ont dû faire des sacrifices pour survivre. Le résultat est bien évidemment enrichissant et prenant mais on regrette quand même que certains rebondissements soient aussi prévisibles. Quant aux dessins, on reconnaît immédiatement le style de Laure, à la fois dans sa description des personnages que dans sa mise en page. Les couleurs, de Nguyen Thanh Phong, possèdent un caractère passé et des petites zones blanches qui donnent une impression d’estampe et soulignent le caractère historique de l’histoire. Un bon duo pour cette intéressante histoire de jumelles !