L'histoire :
On l’appelle « le poète » : derrière son pupitre d’orateur, il embrase la foule de ses discours enflammés, défendant l’égalité, un monde pour tous. Mais Antoine Simiac, jeune candidat fougueux à la présidentielle, se fait tuer par trois balles d’un gros calibre, à quatre mois des élections. Ses successeurs se frottent les mains : un martyr, parfait… Un homme sort de prison après 17 ans d’internement. Une jeune femme au volant d’une voiture l’interpelle et lui annonce qu’elle est sa fille. Marcado, vieux taulard bourru, refuse d’abord tout dialogue avec elle. Puis il cède, ils ne se quitteront plus. Quel lien entre tous ces personnages ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Paru en 2011, Il est mort le poète, roman noir de Marcus Malte, partage aujourd’hui sa nouvelle identité entre les textes du même auteur et les images de Vincent Gravé. On y retrouve le graphisme de Fausse Route, sorti en 2008 chez Les Enfants Rouges également. Ce sont de gros coups de brosses, de fins traits de plumes, de feutres ou de pinceaux qui se côtoient dans ces dessins en noir et blanc qui n’hésitent pas à parler de leur matière. Très travaillées, d’une esthétique léchée, les cases jouent sur des oppositions de traitements afin d’en intensifier le discours. Mais contrairement à l’unité sublime de Fausse Route, les images de Il est mort le poète sont assez inégales : certaines apparaissent trop chargées, trop brouillées par le discours du trait ; tandis que d’autres ont la puissance d’une grammaire qui sait se faire oublier au profit du récit. Récit noir, divisé en sept chapitres qui s’ouvrent chacun sur le dessin d’un petit théâtre de Guignol, qui constitue également le décor d’une scène au centre de la BD entre Marcado et la jeune femme se promenant au parc. En filigrane, des questions : Qui joue ? Qui tient les fils ? Qui va prendre les coups de bâtons ? Dans les coulisses d’un parti politique au pouvoir, dans le cœur d’une femme qui rêve de vengeance, qui manipule ? Qui est le pion de l’autre ? On regrette des réponses un peu attendues dans le scénario de Marcus Malte. Le suspens est gâché par des indices trop appuyés ; le lecteur est déçu de ne pas être assez manipulé. Dommage.