L'histoire :
Mickael Meyer se définit comme une personne qui, aussi loin qu'il puisse s'en souvenir, n'a jamais su choisir. La clé de ce postulat, c'est sans doute le moment où le Juge des enfants a décidé pour lui. Placé en famille d’accueil. Une condamnation, en quelque sorte. Depuis ce jour, il se laisse porter par la vie. Il laisse la vie décider pour lui. Un voyage de plus de 25 ans sur l'océan de ses incertitudes. Son seul cap a été de rester ancré à sa liberté. Quoi qu'il puisse lui en coûter. A vrai dire, il n'est pas sûr de vouloir changer. Ce soir, il est attendu par Nina. Et s'il se demande si on peut rester libre en aimant, Nina, elle, en a assez d'attendre qu'il ne décide de rien. Et par dessus le marché, elle sait qu'il entretient une relation avec une autre fille. Contrairement à Mickael, Nina sait qu'elle l'aime, mais pas à n'importe quelle condition. Pas si elle constate qu'il n'a pas de considération... pour elle...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si le travail graphique de Jaoen Salaün vous a échappé jusque-là, il est certain que cet album vous permettra de le classer désormais parmi les auteurs que vous vous promettrez de suivre. Car non seulement ses peintures à l'aspect digital marqueront votre rétine, mais en plus, l’histoire d'Asphalt Bues s'inscrira parmi celles, douces-amères, qu'on n'oublie pas. L’artiste, qui a pris depuis un petit moment les commandes des récits qu'il met en images, s'est souvent consacré à la SF. Lancé en quelque sorte dans le bain de l'anticipation par des histoires écrites par Christophe Bec (Eternum, entre autres), il construit désormais ses mondes comme il en compose leur visuel époustouflant. Elecboy fait émerger un monde post apocalyptique angoissant, qui interroge la condition humaine, quand Asphalt Blues arrive là où on ne l'attend pas, en soulevant la question des mœurs, au centre de laquelle se situe l'amour. La première séquence de l'album a tout d'un piège à lecteur : un couple en difficulté, une femme excessivement lucide et un type qui semble blasé et complètement focus sur sa carrière et son statut social. Et qui donne la fâcheuse impression de tout gâcher, y compris sa vie. Puis c'est une nouvelle surprise pour le lecteur, puisque la temporalité fait un bon en avant. Et finalement, c'est une sorte de récit chorale qui se met en place, dans lequel les enjeux politiques, économiques et écologiques nous rappellent combien ils déterminent aussi nos vies intimes. Asphalt Blues peut parfois être aussi exigeant que son visuel captivant, mais il vous offrira une parabole singulière... et profonde.