L'histoire :
Dans un avenir proche, la Terre accueillera une mégalopole de plus d’un milliard d’âmes, baptisée « Eidos ». Une Ville-Etat idéale, incarnant les rêves les plus fous de l’humanité. Réalisant l’atteinte du bien-être et du bonheur absolus au moyen d’un progrès technologique sans limite. Grâce à la robotique, l’Homme a réussi, par exemple, à créer des esclaves modernes, le soulageant dans les travaux et tâches les plus dangereux et ingrats. Il n’est pas exagéré d’affirmer que l’utopie est devenue réalité. Mais toute part de lumière porte aussi sa part d’ombre… Comme ce soir où, rentrant d’une harassante journée de boulot, le docteur Blanc apprend par les nouvelles télévisées l’arrestation et les meurtres de plusieurs de ses confrères et collègues. Quelques instants plus tard, un commando cagoulé fait irruption chez lui et l’assassine sans laisser de traces – sinon le témoignage choqué de sa femme qui assista à la scène, impuissante. Visiblement, ceux qui ont fait cela sont des professionnels, certains de leur impunité puisqu’ils n’ont pas cherché à masquer ni couvrir leur crime. L’inspecteur Sam Baron en est persuadé. Le docteur Blanc travaillait pour la société UMASIM, spécialisée dans la robotique. Or il se trouve que, quelques jours auparavant, l’inspecteur Baron reçut la plainte d’une avocate dénommée Vanessa Key, venue se plaindre d’un vol stupéfiant : on lui aurait volé son corps ! Vanessa s’est en effet « réveillée », un jour, l’esprit encombré de mille questions et incertitudes sur elle-même. Elle qui se croyait humaine était désormais faite de chair et d’acier…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce premier album d’une série rebaptisée Ecube, rassemble deux tomes publiés précédemment sous la bannière des éditions Shogun, extension des Humanos pour la partie manga, sous le titre Underskin. Originellement en N/B et format ramassé, c’est ici une petite « renaissance » en grand format et en couleurs qu’appréciera le lecteur connaisseur. La mise en couleurs réalisée par Nicolas Righi – jouant sur les effets de lumière et les nuances de dominantes et unités vertes et bleutées – apporte en effet profondeur et ambiance à des planches construites pour un format plus réduit et le seul trait appliqué, mais nu, de Massimo Dall’Oglio. En compagnie d’Andrea Lovinelli au scénario, le duo transalpin a imaginé une pure série de SF, confrontant les idéaux de bonheur et de bien-être de l’humanité (utilisant notamment des termes et concepts philosophiques antiques) avec l’accomplissement d’un progrès technologique sans fin. (Une thématique privilégiée au Japon, très en pointe dans le domaine de la robotique, et donc commode pour qui souhaite faire du manga à l’européenne comme l’ambitionnaient les éditions Shogun). L’histoire, d’abord un peu confuse – le lecteur se perdant dans les différentes temporalités proposées et les faciès invariants des personnages – gagne progressivement en densité comme en intérêt et le lecteur amateur se prendra vite au jeu. Si le cadre utopique, futuriste et urbain, reprend les classiques du genre, l’« éveil » d’êtres convaincus du troc de leur corps d’hommes et de femmes contre une simple enveloppe de chair sur un squelette d’acier, cet « éveil » promet ! Reste à savoir si la série connaîtra un développement futur convainquant, le titre renaissant après une parenthèse éditoriale conséquente. Espérons-le.
