L'histoire :
Terra 2014, Suicide Allée… John Difool, minable détective de classe R, avide de toutes les substances psycho actives de la création, tombe… indéfiniment. Il doit se souvenir. Se souvenir que c’est lui qui, dans une première saga, a été choisi pour sauver l’Univers… Choisi par l’Incal, la mince affaire… Tiré de sa petite existence dans la cité puits, pour combattre une ombre diabolique, techno avilissante. Au coté d’Animah, Tanatah, Solune et du célèbre Métabaron pour une quête mystique, fondatrice… pour un rêve. Se souvenir qu’Avant l’Incal en compagnie de Kolbo 5 et de Louz, il s’est intéressé de bien trop près aux origines de la noble auréole Aristo. Qu’il lui en a coûté la mémoire… Vraiment ? A sa recherche, une patrouille de roboflics interrompt la chute libre du détective pour un interrogatoire musclé. John a-t-il réellement tout oublié ? Il semble en effet que le nom de Louz de Garra soit à jamais gravé dans son cerveau. Son sort est alors définitivement scellé : la disparition. Un diptère au pouvoir étonnant lui sauve pourtant la mise et le conduit à la rencontre de son destin… Au même moment, la cité est en effervescence. Un effroyable virus transforme ses habitants en un minuscule bout de charbon. C’est l’œuvre du Benthacodon. Cette aberration, née de manipulations scientifiques, met fin au pouvoir biotechno lors du clonage présidentiel. Toute forme de vie organique est désormais menacée. Au travail Difool !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il est des jours où l’on regrette que les dictons ancestraux ne soient pas érigés au rang de valeur nationale. Cela permettrait notamment de tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de reprocher à Alejandro Jodorowsky de nous resservir la même histoire. Certes, il y a eu Après l’Incal en 2000 (Jodorowsky / Moebius). Après une gentille brouille entre les deux auteurs et l’abandon du projet, il faut mettre à nouveau la main à la poche pour un ouvrage dont la gémellité est facile à prouver. Mais le scénariste a eu l’intelligence d’enrichir son récit, de lui donner de nouveaux éclairages et d’en abandonner certains. Il se l’est, en quelque sorte, réapproprié. Comme aux plus belles heures de l’œuvre, il creuse à nouveau le sillon mystique et écolo pour cette dernière partie du triptyque (rappelons que dés 1980, Jodorowsky avait imaginé la saga de l’Incal en 3 étapes). Et il le fait savamment. Attendons donc avec impatience la suite, pour prendre un recul objectif et voir comment l’auteur démêlera les fils de sa quête. Enfin, très clairement, la bonne surprise vient du génialissime coup de patte mexicain de José Omar Ladrönn. Le souci du détail, l’ouvrage minutieux des planches, la mise en couleur sont autant d’éléments qui donnent un nouveau souffle à la série et – n’ayons pas peur de le dire – la modernisent (la SF étant un genre moins omniprésent que dans les années 80). Cerise sur l’encrier, respectueux du travail de ses ainés, il réussit à conserver les codes de l’univers artistique, tout en affirmant son propre style. Chapeau bas !