L'histoire :
Dans le méta-bunker situé sous la ville puits, les robots Tonto et Lothar évoquent les souvenirs de la caste familiale de leur maître, le Méta-Baron surnommé Sans-Nom. Celui-ci a subi, comme tant d'autres, le rite initiatique des Méta-Guerriers, consistant à se mutiler et à remplacer la partie corporelle manquante par de nouvelles technologies. L'empire familial des Méta-Barons commence avec Othon von Salza, un ancien pirate galactique qui réussit à conquérir le cœur d'Edna, fille du puissant baron Bérard de Castaka. Ce dernier est le riche propriétaire d'une planète, dont il n'hésite pas à vendre les ressources aux plus offrants. Lors d'une opération qui se déroule très mal, Othon est à deux doigts de perdre la vie. Il est alors sauvé par une huile secrète appartenant au père d'Edna. Cette substance attire très vite divers robots et assassins près à en découvre pour la posséder. Bérard fait d'Othon son héritier et lui octroie le titre de baron. Il devient ainsi le premier Méta-Baron et le créateur d'une lignée qui marquera les années suivantes...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Certains auteurs ont un véritable feu créateur. Après une longue carrière au cinéma, Alejandro Jodorowsky s'est surtout illustré dans la bande dessinée, au cours des années 80. Il a notamment créé L'incal, l'une des plus grandes sagas de science-fiction jamais pensées, avec Moebius aux dessins. Parmi les personnages de cette histoire, l'un était particulièrement charismatique : le Méta-Baron Sans Nom. Soucieux d'étoffer son univers, Jodo a imaginé un Avant l'Incal et un Final Incal, mais aussi une série focalisée sur les origines de ce protagoniste mystérieux. Durant pas moins de 8 albums, le scénariste est donc revenu sur les origines de cette caste, de leur titre de noblesse, de leur fortune... une saga que voici en une superbe intégrale. Tout débute par le trisaïeul Othon, puis se focalise sur Honorata, Aghnar, Oda, Tête d'acier, Dona Vicenta, Aghora et enfin Sans Nom. L'univers est scrupuleusement décrit par l'auteur et les premiers albums sont véritablement jouissifs. Triple hélas, Jodorowsky a aussi l'habitude de dériver dans des directions scénaristiques contestables. La série démarre ainsi sous les meilleures auspices et se conclut de façon très poussive. Cela n'enlève rien au grandiose de l'épopée familiale sanglante, sublimé au dessin par Juan Gimenez. L'artiste argentin montre un trait soigné, détaillé et expressif, en un mot idéal pour le genre SF. Il récidive d'ailleurs aujourd'hui dans le registre avec Segments (chez Glénat). En outre, son dessin est d'une grande régularité, ce qui permet à la série de conserver sa cohérence visuelle. Enfin, la présente édition sous coffret (deux épais volumes à l'intérieur) est d'excellente qualité et l'objet classieux. La caste des Méta-Barons ne fera peut-être pas l'unanimité, mais de par ses ambitions et son écrin, il se place tout de même comme un classique du genre pour Noël...