L'histoire :
Année 1949. Depuis de longs moi, Sarah, 10 ans, vit recluse dans un étrange et lugubre manoir de Praque. Elle a peu à peu découvert que cette étrange bâtisse n’était pas réellement un orphelinat, mais plutôt un institut scientifique où elle était un cobaye, parmi d’autres enfants, et où surtout, elle était surveillée. Car Sarah est un monstre, un vampire pour être plus précis, dont les instincts meurtriers menacent d’être activés à tout moment. Pour neutraliser ce comportement récessif, elle doit pendre des pilules. Mais récemment, son amie Marketa les a substituées à d’autres, par jalousie, et Sarah a eu une crise d’une violence inouïe. Aujourd’hui, Simon, scientifique et aventurier, lui explique la situation, en lui faisant visiter le centre. Il lui apprend que son maître à elle, s’appelle Demian, père de tous les vampires depuis la nuit des temps. Elle, a été contaminée par Enoch, un membre de la garde rapprochée de Demian. Un espoir de « guérison » existe pourtant, qui pourrait être appliquée à l’humanité toute entière, et c’est la raison de sa présence et de la docilité qu’il lui est demandée. Pourtant, des zones d’ombres jonchent le récit de Simon : la petite voix qui parle dans la tête de Sarah se charge de les lui souligner. Aussi, lorsqu’une occasion d’évasion se présente, Sarah hésite entre la collaboration avec les humains et l’acceptation de sa condition de vampire…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La lutte éternelle entre les hommes et les monstres… Le contexte fantastique du scénario de David Munoz ne brille certes pas par son originalité, mais il est franchement convainquant quant à sa mise en scène et son rythme, d’une efficacité redoutable. Au cours du premier tome, à la suite de la petite Sarah perdue dans une sinistre demeure, nous avions tout d’abord cru à un redoutable virus. Le contexte mystérieux se dévoilait progressivement, en ménageant de nombreuses zones d’ombres, au sens propre comme au figuré, tant l’atmosphère était gothique et en permanence plongée dans l’obscurité. Dans ce second volet, d’emblée, le scénariste fournit le gros des clés de la problématique. Mise au parfum de sa condition par Simon, Sarah est alors placée devant un dilemme lui aussi relativement orthodoxe : choisir entre aider une humanité à laquelle elle n’appartient plus, ou accepter de vivre parmi les siens, les monstres et les vampires. Où se trouve donc sa légitimité ? Lequel des deux camps est-il promis à l’extinction par l’autre ? Le canevas est donc classique, mais à nouveau diablement délivré. A la gestion habile du scénario, Tirso Cons livre une partition graphique impressionnante et impeccable. L’artiste espagnol rivalise de virtuosité dans les perspectives, les profondeurs dynamiques, le rendu des mouvements… or, dans le combat qui oppose les hommes et les monstres, des mouvements, il y en a un bon paquet ! Toujours épaulé de Javi Montes pour la colorisation, le duo excelle au niveau des ambiances, forcément sombres et brumeuses : il ne doit jamais faire jour, en 1949, à Prague. Nul doute que le prochain et dernier volume prévu conclura en beauté une trilogie gothique, qui saura séduire un public plus large que les simples amateurs de fantastique…